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Théâtre 13  (Paris)  20 décembre 2009

Récital de Jean-Claude Dreyfus accompagné par Thomas Février au piano et Julien Amédro au violoncelle.

A peine déchaussés les escarpins du "Mardi à Monoprix", la pièce qu’il interprète au Théâtre Ouvert, Jean-Claude Dreyfus a repris pour un soir sa défroque de star du music-hall, au Festival Le 13 fait chanter les comédiens. Rejouant son précédent tour de chant "En toute sobriété" (déjà chroniqué ici), il a encore réussi à nous charmer, malgré quelques ratés à l’allumage - sans doute consécutifs aux six mois écoulés depuis l’interruption dudit spectacle.

Connu du grand public pour de mauvaises raisons (ses apparitions chez Jeunet ou dans les pubs Marie), l’acteur Dreyfus n’a trouvé au cinéma qu’un seul rôle à sa (dé)mesure : celui du Duc d’Orléans dans l’excellent film d’Eric Rohmer, "L’Anglaise et Le Duc", aux côtés de la troublante Lucy Russell. Sous couvert de raffinement aristocrate, il pouvait enfin y laisser sourdre sa précieuse délicatesse, porté par le dialogue ciselé de l’auteur des Contes Moraux.

De fait, c’est sans doute sur scène qu’il s’épanouit aujourd’hui le mieux, dans des rôles hauts en couleurs jouant de sa nature équivoque : ogre sensible, roi queer, princesse évaporée à la carrure d’ex fort des Halles… D’une discipline à l’autre (théâtre, chant), et dans ses deux spectacles récents en particulier, on retrouve ce goût pour les personnages à la dérive, oiseaux de nuit à l’identité sexuelle incertaine.

"Le mâle détruies" donne le ton dès l’ouverture : érotisant le corps de l’acteur sur l’air de "tout est bon dans le Dreyfus", il morcelle et métaphorise (sexuellement) les pièces à déguster, de la poitrine rebondie aux jambonneaux dodus, en passant par la tête, forcément dure à cuire, d’un caractère de cochon…

"Comment savoir", mélodie tire-larmes sur lit de détresse rose bonbon, dit tout le drame (ou l’excitation ?) de l’indétermination sexuelle. Dreyfus mime l’homme féminisé ou la femme androgyne sans que l’on puisse dire où se situe la transition, avec un naturel (mélodramatique) déconcertant.

"Les marins" exalte la dimension homo-érotique des uniformes à pompons et s’ouvre sur une assertion qui devrait faire plaisir au ministre de la Défense : "les marins, c’est très tango" ! Dans le même genre canaille, mais plus mortifère, "Les bordels" expriment un curieux vœu testamentaire : enterrer le cœur du mourrant dans une maison close, bercer son repos aux rythmes des parties de jambes en l’air…

La déchéance est aussi évoquée à travers "Le vieux" : un homme au bout du rouleau inverse la projection enfantine habituelle en un lancinant "quand je serai petit", évoquant une hypothétique (et pas gagnée) renaissance après la mort… qui lui permettrait de (re)goûter aux plaisirs simples des commencements (une famille aimante, une maison) ; rêve impossible d’un malheureux languissant désormais à l’hospice.

Entre ces atermoiements de torch song carabinée, le spectacle ménage des instants de répit, sait redevenir gai quand il le faut : "Supplice chinois" invite les spectateurs à enfiler le masque-programme du récital. La salle est alors remplie d’une multitude de petits JC Dreyfus en papier… et le cabotin mégalo d’immortaliser sur polaroïd cet étrange phénomène - un théâtre entier à son image.

Autre participation du public : dans "Le choix des fleurs", il invite une jeune spectatrice à un dîner-séduction sur scène ; légèreté bienvenue contrebalançant le désespoir d’un texte où la fleur en question est celle, désolée, qu’ira déposer le narrateur sur la tombe de sa douce…

S’il n’évite pas toujours les couacs et garde un pense-bête à portée de main (des "trous dans la tête", dit-il), Jean-Claude Dreyfus a suffisamment de prestance pour habiter la scène de façon convaincante, s’épanouir dans ce nouveau rôle de chanteur. Le charisme comble certains défauts techniques… et l’on prend plaisir à suivre sa voix, puisant dans les rauques certaines inflexions graillonnantes, appropriées à cet univers de marins, travelos et filles de joie.

A la fin du spectacle, le jeune pianiste et arrangeur Thomas Février (qui signe quelques titres de ce tour de chant), prend la parole pour évoquer sa collaboration avec l’acteur : entamée 13 ans plus tôt (il n’avait alors que 20 ans) dans ce même Théâtre 13, elle lui mit le pied à l’étrier, le projetant avec bonheur dans le monde du music-hall. Il remercie Dreyfus d’avoir été, en quelque sorte, son "père de spectacle" ; et le Théâtre 13 d’avoir accueilli ses premiers pas.

 

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Nicolas Brulebois         
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