Il n’est jamais trop tard (comme pour les vœux, jusqu’au 31 janvier, tout est permis !) pour revenir en quelques lignes sur les disques qui ont traversé un peu trop vite l’année dernière… 2009, année du Folk, on l’a souvent évoqué dans ces pages (et la disparition soudaine de Vic Chesnutt a été une bien triste piqûre de rappel). James Yorkston rajoute une pierre de taille à l’édifice, en se glissant dans la peau de ses références passées (Anne Briggs, Peter Kennedy, Julie Murphy…) pour un album de reprises de chansons traditionnelles Irlando - Galicio - Grande Bretonnes.
Délaissant ses habituels acolytes des Athletes, c’est accompagné des Big Eyes Family Players de James Green qu’il entreprend ce délicat chantier de reconstruction.
Délicat, car l’exercice compilatoire est toujours un peu casse pipe, d’autant plus quand il s’agit de dépoussiérer des chansons folks des sixties (et d’y trouver un semblant d’homogénéité). L’album n’échappe pas à la règle et alterne sur un faux rythme le bon et le plus dispensable.
La ballade tranquille "Hills of Greenmoor" nous plonge immédiatement dans le bain ou plutôt dans les collines ventées Irlandaises. C’est chaleureux mais les arrangements soyeux invitent davantage à se mettre à l’abri qu’à entamer une longue promenade.
Sur le dépouillé "Just as the Tide was Flowing", le vent a cessé mais l’inquiétude est toujours là et l’on a envie de se précipiter pour raviver les braises avant que le feu ne s’éteigne définitivement.
Ce n’est vraiment que sur l’entraînant "Mary Connaught & James O’Donnel" que l’album décolle enfin… avant de retomber comme un soufflet sur la comptine un tantinet soporifique "Thorneymoor Woods" et ses faux airs de Frères Jacques.
Par la magie éprouvée du chaud et du froid, s’en suit le très bon "I Went to Visit the Roses" qui s’inscruste de manière durable dans les esprits ; les arrangements sont plaisants et le morceau séduit immédiatement. Un des temps forts de l’album, peut-être celui où l’on retrouve le plus la patte de l’écossais.
Petite pause hispanique sympathique avec l’instrumental "Pandeirada de Entrimo" avant de retrouver des reprises plus intimistes et lassives.
La fin de l’album est heureusement réchauffée par la magnifique complainte "Rufford Park Poachers" (la Pedal Steel de Pip Dylan y fait des merveilles) avant de se refermer sur un "Low Down in the Broom" efficace.
Il n’y a pas à dire, le verglas et la neige abondante des derniers jours constituent un bel écrin pour ces fraîches reprises.
Mais dépêchons-nous, les beaux jours reviennent et avec eux Surf music et Rock’n’Roll. Avant de mettre au placard nos manteaux de pluie et de faire fondre nos accès de mélancolie, glissons-nous près de la cheminée pour profiter encore un peu de cet hymne à l’hiver triste, une Guinness à portée de main. |