ll est difficile de définir la musique de ce Féloche fantasque (il a fait partie d'un groupe de punk russe dans les années 90, c'est pas un triste), globalement joyeuse en tout cas.
L'univers qu'il propose sur ce premier album, en compagnie de ses deux compagnons, à l'accordéon et à la contrebasse, (lui est une brute de la mandoline) est fait d'une bonne dizaine de morceaux de 3 à 4 minutes, un ensemble délirant, foutraque, déroutant, fait de sons bizarroïdes, mélange de douce electro et world music, instruments traditionnels – mandoline bien en avant – et samples rigolos (comme ça, ça laisse perplexe me direz-vous).
Tout cela semble hérité un peu des Dionysos – en moins rock ici – mais pas que.
Si je mets de côté l'aspect un peu primaire et léger des textes – par moment, c'est un peu n'importe quoi, il fait son Gotainer – force est de constater que musicalement, je me suis laissé charmer par la tambouille revigorante, fraîche, ludique et cartoonesque de Féloche.
Ça commence avec "La Vie Cajun", entre délire sonore à la "Yellow Submarine", bruitages cartoonesques façon "Proxima Estacion Esperanza" de Manu Chao sur une base d'instruments traditionnels et folkloriques d'antan (mandoline, accordéon...).
Il est vrai que cela a une petite connotation Cajun, (il manquerait un banjo et un harmonica pour que ce le soit à fond).
"Darwin avait raison" est très étonnant avec son tempo tranquille à base de synthés, guitares et doux riffs à la mandoline, comme un mélange de modernité et d'instruments du passé. Nouvelle direction sur "Eh toi !", ces violons virevoltants nous font voyager dans les folklores de l'est, tsigane et yiddish.
Sur les textes, on va dire que c'est drôle, caustique, sans prise de tête.
"Dr John Gris - Gris John", hommage évident à ce grand pianiste blues/rock'n'roll, mélange des voix samplés, des bidouilles et sons electro mêlés à la mandoline, et un feu d'artifice de piano et contrebasse à la fin sur fond de voix enregistrée du Dr John. L'une des très bonnes rejouissances de l'album.
Avec "Emilie", ballade un peu mélancolique parlant des errances d'une certaine Emilie la nuit, Féloche sait aussi faire des morceaux moins bordéliques, un peu plus écrits. Le genre musical change une fois de plus, cap sur une sorte de trip d'electro blues.
"Bon appétit Shaman" est une bonne curiosité, entre blues (harmonica lointain), funk (la voix de Féloche à la Prince) et trip hop arabisant (des percus un peu electro). Diffilement définissable donc mais bien tripant et hypnotisant.
Alors que "Tous les jours" navigue encore entre folklore des pays de l'est et blues Cajun, très riche en instruments, trois minutes après voilà "Reste avec moi", sacré délire entre incursion du hip-hop (l'impression d'entendre les voix samplés des gamins de Kris Kross) et instruments traditionnels.
"Jette les gants", peut-être pas le morceau le plus marquant de l'album, dévoile une petite ambiance funk.
Cette galette fraîche, spontanée, tripante, se clôt sur "Entre nous", où les styles s'entrechoquent une fois de plus, un zeste de funk, un brin de piano-bar, des arômes de musique trad de l'est, une pincée de cajun...
Bref, très bon tout ça, ce mélange de sons d'hier et d'aujourd'hui.
Chopez vite un casque et écoutez-moi ce truc inclassable. |