Ce que j’ai vu
et entendu ce jour-là m’a laissé tout d’abord
perplexe un peu comme lorsqu’on revient dix ans plus tard
dans un lieu qu’on a bien connu mais où tout a changé.
Ensuite je me suis dit que ce changement était finalement
inévitable et que, pour eux en tous cas, c’était
mieux.
La première chose qui m’a frappée c’est
la sympathie que Blixa Bargeld exprime.
Il a plaisir à être là, il s’amuse (ça
change), il cause avec le public. Il est transformé.
La seconde chose est le virage musical pris.
De façon assez étrange, je ne l’ai pas ressenti
à l’écoute du dernier album et il faut dire
les choses telles qu’elles sont : un album peut donner une
idée trompeuse sur l’ambiance d’un concert à
venir (surtout qu’ils nous avaient déjà habitués
à cela). Ce soir, ce n’est plus le cas : ce concert
ne peut pas tromper.
La raison principale est sans doute qu’il n’y a aucune
concession au passé : la quasi-totalité des morceaux
proviennent de Perpetuum Mobile
et de Silence is Sexy (même
si des titres comme "Sabrina"
ou "Redukt" existaient déjà
en 1997). Excepté "Haus der lüge"
toujours d’actualité, rien d’ancien. Et bien
sûr les titres un peu "nostalgiques" de Silence
is sexy, par exemple "Zampano",
ont été éliminés aussi.
Bref la musique est délestée de tous ses aspects
qui pourraient être perçus comme négatifs. De
plus, alors que N.U. Unruh était
le musicien clé il y a encore quatre ans, il cède
aujourd’hui la place au batteur Rudi Moser.
Cela a été néanmoins une bonne soirée.
C’est toujours un plaisir de revoir la scène telle
qu’ils l’installent : une sorte de fourre-tout avec
un tas d’instruments bizarres (deux compresseurs, la bellmachine
(i.e. la machine à cloches), une batterie d’enfer pour
Rudi Moser, etc.), ce qui réduit considérablement
le volume qui est réservée au groupe : la scène
du bataclan paraissait toute petite.
Et puis N.U. Unruh assure toujours derrière son petit atelier
qui lui permet de marteler ses barres de métal qui sont projetées
un peu partout autour de lui alors que Rudi Moser derrière
ses cymbales dentées produit un son très métallique.
Par contre, on ne voit pas trop Alex Hacke,
plus réservé. Sa basse ne vrombit plus et elle est
accordée maintenant.Quant à Mr Bargeld, il effectue
quasiment une prestation d’acteur dans son complet noir.
Le son quand à lui a viré en une sorte de "bruit
métallique" parfois léger, parfois lourd. Un
bruit "pur", sans connotations négatives, comme
celui d’une petite usine sidérurgique.
Voilà : tout ne sera plus comme avant…
|