On avait laissé le trio Field Music il y a trois ans avec leur album Tones of Town, suivi d’un break (up ?). Dans les mois suivants, les frères Brewis (David et Peter) se sont lancés à corps perdus dans leurs side projects, respectivement School of Language et Week That Was. Les revoilà en pleine forme et plus nombreux, puisqu’ils ont été rejoints par Kev Dosdale aux claviers et Ian Black à la basse.
Cette longue pause semble avoir régénéré l’esprit créatif des frères Brewis car ce n’est pas un mais deux albums qu’ils nous livrent ! Pari toujours risqué, car la tentation du remplissage n’est jamais loin… C’est aussi une possibilité non négligeable d’oser des expérimentations diverses et variées, comme les Smashing Pumpkins et leur Mellon Collie ou les Beatles et leur fameux White Album. Cette idée d’expérimentation est décuplée par la capacité qu’à Field Music à compacter deux ou trois chansons en une seule.
Composé tel un vinyle, Measure propose une face A plus qu’intéressante. Les sonorités pop se mêlent à des rythmiques parfois agressives, faisant parfois penser aux Shins ou aux Beatles. Que ce soit sur le rétro "Each Time is a New Time", sur l’orchestré "Measure" ou le planant "Lights Up", on se sent emporté. La face B voit le groupe se lâcher un peu plus avec des titres plus distincts et moins homogènes, comme "Share the Words" ou "Let’s Write a Book". Mais les mélodies sont toujours sublimes.
La seule ombre au tableau reste la longueur de ce Measure. Difficile voire impossible à écouter et à digérer d’une traite tant il est riche. En fait, Measure comporte tant de revirements, de changements de tonalité et de genre qu’il est facile de décrocher. L’auditeur lambda ne s’y aventurera donc pas.
S’il n’y avait qu’un mot pour définir ce disque, ce serait sans doute générosité. Du son, de la mélodie et de la quantité. |