Nous
attendions depuis longtemps une suite au superbe et surprenant Roulette,
premier album suivi de quelques singles et éditions plus
ou moins rares de Violet Indiana.
Violet Indiana, entité à
2 têtes et pas n'importe lesquelles puisqu'on retrouve au
chant personne d'autre que l'envoutante Siobhan
del Maré officiant préalablement dans Mono
(pas les japonais, les autres) et bien entendu le légendaire,
mythique et intemporel Robin Guthrie des
non moins légendaires Cocteau Twins.
Robin Guthrie auteur l'an dernier d'un très beau Imperial,
album solo et instrumental, malheureusement passé beaucoup
trop inaperçu.
Evidemment, disons le tout de suite, ce qui frappe en premier sur
Russian Doll c'est le son. On est
heureux de reconnaitre dès les premières secondes
la patte de Robin, ses sons de guitares si particulier qui ont fait
des Cocteau Twins ce qu'ils sont et qui ont influencé tout
un courant musical depuis 20 ans.
Mais si "Never enough" chanson
d'ouverture nous ramène forcément vers des références
aux Cocteau twins époque Blue
Bell Knoll ou même Heaven or Las
Vegas (mélodies, superposition des voix, tempo...),
le morceau suivant, "Quelque jour"
(en français et au singulier dans le texte), est beaucoup
plus jazzy et se rapproche des morceaux de Mono dans une ambiance
feutrée, presque inquiétante, sur laquelle se pose
la douce voix de Siobhan.
Ainsi, les deux premiers titres sont comme une sorte de repère,
d'introduction, de résumé des épisodes précédents
comme dirait Michel Cloup. Les cartes
de visiteétant échangées on entre donc dans
le troisième morceau, et dans le reste du disque d'ailleurs,
comme chez soi.
Violet Indiana c'est donc la réunion inespérée
de deux univers assez différents, le pari d'un duo dont chaque
membre a un passé plus ou moins important mais une forte
personnalité musicale, immédiatement identifiable.
Difficile alors de se démarquer chacun de son univers. Pari
réussi donc.
Alors bien sûr on retrouve les Guitares de Robin, indiscutablement
uniques déployées en longues nappes sonores assurant
à elles seules les mélodies des morceaux, apportant
tour à tour la mélancolie, la chaleur et la douceur.
C'est aussi des voix qui se superposent dans des tonalités
différentes, arrangements chers aux Cocteau Twins déjà
(notamment sur "New Girl",
qui fait assurément partie des meilleurs morceaux des Cocteau...
Euh de Violet Indiana).
On retrouve aussi la voix langoureuse et jazzy de Siobhan. Indiscutablement
différente de celle de Elizabeth Frazer
(ex chanteuse des Cocteau Twins) pour plein de raisons au rang desquelles
le fait qu'elle écrive des textes en anglais, et compréhensibles
ce qui vous en conviendrez change beaucoup de chose. Indiscutablement
différente certes mais épousant parfaitement avec
la musique de Robin Guthrie... un bonheur.
Violet Indiana est donc un vrai groupe, qui se nourrit de son passé
en qui a su en sachant y puiser le meilleur ("You"
est splendide) sans pour autant ni le recycler ni le renier.
Et si "Beyond the furr" (avec
2 "R", Robin m'en ayant expliqué le sens récemment...)
vous rappellera indéniablement lui aussi les heures glorieuses
des Cocteau, ce n'est que pour les magnifier. Frissons garantis.
"Close to the world" qui
cloture l'album vient rappeler que les groupes écossais actuels
(notamment ceux avec un nom de créature de film) n'ont peut
être pas été chercher bien loin leur post rock,
comme me le faisait remarquer MM à juste titre.
Confortablement installé entre Siobhan et Robin, on ne pourrait
se trouver en meilleur compagnie et toute nostalgie mise à
part, Russian Doll est une réussite.
Indispensable aux fans de la première heure et incontournable
pour les autres.
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