Aaaah, ça y’est, il est sur ma platine…

Après avoir usé Regeneration jusqu’à la corde me voilà enfin face à Absent Friends, le nouvel album de Neil Hannon alias The Divine Comedy.

Il est là, entre mes mains tremblantes, je le pose délicatement, je ferme le tiroir, j’appuie sur play et…

… et il est des disques comme des sachets de thé au fond d’une tasse d’eau bouillante. Au début, c’est tout juste si l’eau est troublée, rien ne semble se diffuser. Puis, le principe actif aidant, la saveur se libère colorant le liquide jusqu’à le rendre totalement sombre, imprégné et surtout savoureux.

Voilà comment agit Absent Friends certainement parce que l’on écoute la première fois ce disque avec des oreilles trop pressées, trop avides de retrouver une formule, un son, bref ce qui nous avait fait plonger avec Regeneration. Du coup, au début on tord le nez. On rechigne à revenir en arrière vers le style flamboyant des Liberation, Promenade et autres. On fait la moue devant les violons que l’on pensait raccrochés au mur et on regrette que les musiciens du philharmonique ne se soient pas définitivement éclipsés durant la pause-pipi. Surtout, on se plaint de ne pas avoir en sa possession un disque qui serait la copie conforme du précédent.

Mais on a tort et on le sait…

Alors on patiente, on revient à la charge et puis doucement, le charme opère. D’abord on s’accroche à un titre, "Mutual Friends" (chanson douce-amère sur la perte fulgurante d’un amour fulgurant) puis à "Charmed Life" puis à une autre encore, de telle sorte que, de fil en aiguille, on se remet à écouter l’album dans son ensemble.

Alors là on est plus du tout perdu, tout nous revient d’un coup. Le talent de Neil Hannon pour les mélodies simples, les ambiances légères suggérées grâce à son goût pour les orchestrations subtiles, les textes tout en finesse, adresse et justesse… et par dessus tout ça la patte de Nigel Goodrich, producteur de l’album, bien plus discret qu’à l’accoutumée.

Bref un disque-infusion à classer parmi ceux qu’il faut mériter et Dieu sait que ceux là font partie des meilleurs !