Lorsque la musique prend sa source en Ecosse, on peut espérer une œuvre empreinte de caractère, et quand elle est le fruit d’une artiste chevronnée, le résultat est inévitablement irrésistible.
Avec son deuxième album en solo The Law Of Large Numbers, Emma Pollock confirme ce talent qui l’a déjà fait connaître, d’abord en tant que chanteuse et guitariste du groupe The Delgados, puis avec son premier album Watch The Fireworks il y a trois ans. Tandis que celui-ci avait été édité chez 4AD, le nouvel album marque un retour dans une ambiance plus intime, puisqu’il a été enregistré au studio du label Chemikal Underground, fondé par The Delgados, et produit par Paul Savage (ex-batteur du groupe). Entourée de Jamie Savage au clavier et à la guitare, Graeme Smillie à la basse et Jonny Scott à la batterie, Emma Pollock a peaufiné une douzaine de morceaux dont l’écoute se révèle être instantanément un pur plaisir.
De même que le chant est caractérisé par l’ambivalence d’une voix ferme sur un timbre de velours, la musique évoque à la fois l’énergie et la détermination de la femme libérée, dans un rock rappelant Patti Smith ou PJ Harvey comme dans "Hug The Harbour" , et la délicatesse qu’on retrouve souvent chez les chanteuses folk, comme dans "The Loop" et son introduction a cappella.
Le piano mélancolique du prélude "Hug The Piano (And)" laisse place à des morceaux remplis d’une énergie combative, à travers la vivacité de la guitare et la batterie de "Hug The Harbour" et "I Could Be A Saint" , puis le clavier et les percussions cadencés de l’excellent "Red Orange Green" . "Nine Lives" et "House On The Hill" évoluant sur deux rythmes sont une transition vers une seconde partie de l’album plus suave. La douceur s’installe avec la tristesse latente de "Letters to Strangers" et la légèreté de "The Loop" . Le temps d’une chanson, Emma Pollock dynamise à nouveau l’ensemble avec "Confessions" et ses percussions saccadées. L’album se termine avec trois derniers morceaux empreints d’une certaine grâce : "The Child In Me" à la guitare sèche, le rythme langoureux de "Chemistry Will Find Me", et "Hug The Piano (Or)" qui est une version du prélude où on détecte curieusement une touche d’optimisme.
Avec cet album, Emma Pollock affirme encore sa qualité de brillante single songwriter. The Law Of Large Numbers est un petit bijou dont chaque discothèque devrait être parée. |