Pourquoi donc revenir, un an après la bataille, sur un disque sorti dans un relatif anonymat à l’époque ? Pour palier au manque d’attention accordée sur le moment ? Ou plutôt pour profiter d’une fenêtre de tir permise par une mise en sommeil temporaire de la concurrence ?
L’histoire de Fanfarlo débute en 2006 à Londres lorsque Simon Balthazar, en provenance de sa Suède natale, décide d’assembler un groupe autour de lui. Dont le nom ferait écho à cette obscure nouvelle de Charles Baudelaire "La Fanfarlo" ? Rapidement, la formation se fait remarquer grâce à ses concerts enjoués ainsi que par une impressionnante série de singles, avant de publier son premier album Reservoir début 2009. Histoire de doper sa diffusion, le groupe n’hésitera d’ailleurs pas quelques mois plus tard à le mettre en téléchargement légal pour la modique somme d’un dollar.
Pour en revenir à Reservoir, celui-ci semble ancré dans une époque, où chorales, arrangements luxuriants, usage d’instruments autrefois atypiques (mandoline, violon ou cuivres) ont effectué un spectaculaire retour en grâce. On aurait hurlé au génie cinq plus tôt, mais aujourd’hui ces références exagérément évidentes sur la forme (Arcade Fire, Beirut) s’avèrent autant galvaudées que gênantes. Désespérant encore une fois de constater la dictature de la mode dans la musique indépendante … Pourtant, Fanfarlo développe également un mimétisme moins tape à l’œil mais largement plus intéressant au niveau de la composition avec les mythiques Neutral Milk Hotel ou les écossais de Belle & Sebastian. Un travail mélodique d’une grande finesse, des changements de rythmes et d’orientations incessants. Privilégiant les lignes de basse rondes ("Comets"), les instrumentaux portés par les cuivres ("Ghost", "These Walls Are Coming Down"), ne rechignant pas non plus devant quelques épiques passages de cordes épiques à la montréalaise … Le tout porté par la voix chaude de Simon Balthazar enrobant littéralement les chansons ainsi que le phénoménal travail d’orfèvre au niveau des orchestrations.
Pas original pour deux sous, Reservoir n’en demeure pas un disque remarquablement bien ficelé laissant apparaître d’indéniables et prometteuses qualités. De quoi espérer une suite enfin libérée de ces encombrantes figures tutélaires. |