Comédie
dramatique écrite et mise en scène par Wajdi Mouawad,
avec John Arnold, Georges Bigot, Valérie Blanchon, Olivier
Constant et Stanislas Nordey.
Scène quadrifrontale pour ""Ciels" ce nouvel opus mouawadien et immersion du public pris en otage, cerné de toutes parts dans le white cube conçu par "Emmanuel Clolus dont les parois latérales sont transformées en scènes surélevées avec inévitablement une vision réduite,, ou à hauteur des pieds des comédiens, pour tous ceux qui ne se trouvent au centre et une assise des plus inconfortables pendant plus de deux heures sur des tabourets tournants dont la galette ne dépasse pas trente centimètres de diamètre.
Mais peu importe puisqu'il s'agit de venir célébrer, après
"Littoral", "Incendies" et "Forêts", le quatrième et dernier
volet de la grande fresque de"Wajdi Mouawad
"Le sang des promesses".
La pièce, est-ce d'ailleurs encore du théâtre, un thriller au suspense insoutenable qui ravira, avec ses composantes mythologico-ésotérico-politiques tous les amateurs de Dan Brown, consiste en un huis clos avec un quintet d'agents très secrets sous haute protection et surtout sous haute surveillance recrutés par un conglomérat supra-étatique pour leurs compétences techniques en matière informatique, linguistique et décryptage pour identifier les plans d'un groupe terroriste aux ramifications internationales (piste islamiste ou piste Tintoret liée au symbolisme d'une œuvre de ce dernier, l'annonciation) que le spécialiste du décryptage vient de suicider en laissant son ordinateur verrouillé et qu'arrive en ultime sauveur son fils spirituel.
Mais peu importe puisque vers la fin du spectacle arrive enfin le verbe unique de Wajdi Mouawad quand il s'envole en douloureuses imprécations portées par Stanislas Nordey, chantre illuminé, ange salvateur aux poses, tels des arrêts sur image, de karatéka-samouraï, proférant cette éternelle histoire recommencée du père et du fils, du terrorisme de la jeunesse d’une génération qui n’a connu que la guerre, de la quête du sens et du sang.
Et puis le spectacle tient grâce et repose sur le métier et
le talent d'une distribution de qualité : outre Stanislas Nordey,
Georges Bigot en chef de section habité
par le doute, John Arnold pragmatique
qui veut retrouver sa famille, Valérie Blanchon
en terrifiante Médée déesse-mère d’une nouvelle ère, et Olivier
Constant en ambitieux obtus. |