Eh oui, la spécialité
du Printemps, c’est aussi un peu l’éclectisme
qui règne dans les soirées. Ici, sous le grand chapiteau
du Phénix, c’est Sharko qui
commence. Musicalement, on a bien quelque chose, mais malgré
ses efforts, le chanteur belge n’a pas réussi à
faire vibrer le public. Il a eu beau faire chanter sa chaussure,
puis ses chaussettes, son pantalon et son tee-shirt en les faisant
voltiger, la mayonnaise n’a hélas pas pris. Un show
d’une demi-heure, qui aurait sûrement trouvé
sa place dans une plus petite salle.
Puis vient toute la joyeuse troupe de Mardi
gras BB, un véritable orchestre ! L’ambiance
festive est de rigueur. Dès le début, la bande entraîne
tout le public à entrer dans sa ronde. Et ça marche
! Au son des cuivres, tout le monde se balance. Avec un hommage
au King, une prière contre "le mauvais roi d’Amérique",
Doc Jochen Wenz et toute sa clique
bluffent un public qui ne peut s’empêcher de remuer
la tête, les bras et les jambes. Un rythme original, des sons
intéressants et une énergie incroyable, tout ça
réuni pour une prestation diablement gaie !
Pour la suite, étonnant de les retrouver là, mais
ce sont bien les Américains de Calexico.
Et on n’en doute plus un instant lorsqu’on entend la
voix de Joey Burns. Immédiatement
envoûté, le public se repose du remue ménage
des Mardi Gras BB. Et il s’en délecte, car comment
faire autrement ? C’est un moment à savourer, on peut
fermer les yeux et se retrouver tout seul avec cette merveilleuse
musique, s’en imprégner délicatement. La rythmique
américano-mexicaine, le rock façon western des Calexico
a su conquérir les fans de M (venus en masse).
Enfin, après un bon moment d’installation (eh oui,
il faut un peu de temps pour créer l’univers de monsieur
M), voici le "machistador" qui entre en scène...
Un M complètement différent du jeune homme calme et
discret vu une heure avant, à la conférence de presse.
Lui qui disait modestement ne pas encore comprendre tout cet engouement,
s’en accommode très bien une fois sur scène,
une fois transformé.
Car, c’est lui qui le dit, ce sont deux personnes différentes
que Matthieu Chédid et M, mais ça, on le savait déjà
un peu. Ce dualisme peut surprendre, rebuter, c’est une façon
de se protéger, de rester dans le monde des enfants (car
c’est bien cela : couleur rose bonbon, déguisements,
lumières flashys, coiffure ultra gélifiée).
Mais il est plutôt touchant, ce faux timide, qui avoue lui-même
s’agacer parfois et comprend très bien tous ceux qui
ne le supportent pas.
Plus musicien que chanteur, en tous les cas, c’est lui que
vlà et pour un show, un vrai, de 2h30 !
Les chansons du deuxième album passent sans problème,
reprises en chœur par toute la fosse. En revanche, les morceaux
de son dernier opus sont plus intimistes, et parfois semblent un
peu en décalage avec tout cet étalage de son, de lumières,
d’accessoires.
M, c’est un univers, un monde à part entière,
et c’est aussi un amour du public. Oui, on peut y voir de
l’excès, quand il fait monter ses fans sur scène,
pour danser avec lui mais aussi de la générosité.
A un moment donné, dans chacun de ses concerts (paraît-il),
il demande à un musicien du public de venir le rejoindre.
Et là, qui je vois débarquer sur scène ? Un
de mes amis !! Qui assure comme un pro avec la guitare de M, seul
sur scène, qui se donne en spectacle devant ces 7000 personnes,
et qui les fait chanter, danser... Si je ne le connaissais pas,
je croirais à un subterfuge ! Mais non, c’est bien
vrai...
En bref, on ne peut pas véritablement parler de concert
mais plus d’un spectacle, d’un show son et lumières
donné par ce trentenaire qui ne veut pas grandir. Guitariste
émérite, qui parfois veut un peu trop le montrer,
M a captivé la salle, venue pour lui il faut bien se le dire.
A chacun de voir s’il est convaincu, mais on ne peut pas
nier la qualité de show man de Matthieu Chédid.
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