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puce Festival Le Printemps de Bourges 2010 (samedi 17)
Jakez Orchestra - Daniel Johnston & The Beam Orchestra - The Brian Jonestown Massacre - Mustang - We Have Band - The Very Best - Pony Pony Run Run - Foals - Beat Assailant  (Bourges)  samedi 17 avril 2010

Printemps de BourgesLe week-end est là, le soleil aussi, et la soirée promet d’être dansante ! Avec pour dance floor géant, un Phénix et un Palais d’Auron reliés pour l’occasion, prêts à accueillir toute la jeunesse du Berry et d’ailleurs !

Au 22 ce samedi, l'apéro commence à midi pile avec Jakez Orchestra et leurs chansons aux airs de musique tzigane, violon associé à l'accordéon oblige. Le voyage passe aussi parfois par la France, d'abord parce que les textes, chantés en français, rappelle les chansons réalistes de l'après-guerre mais aussi parce que certains titres les plus énergiques évoquent un autre groupe spécialiste des mélanges de genre, breton celui-ci (les Jakez sont corses), les Red Cardell.

Samedi, ce sont également les jeux du cirque à Bourges. L'auditorium se transforme en arène : le peuple, en connaisseur, est venu en nombre pour assister à ce qui promet d'être une des plus belles passes de muleta musicale de tout le festival. Les lumières s'éteignent et les picadors chargés de garder la bête dans l'arène sont derrière leurs pupitres, prêts à en découdre avec leur instrument et ce soir, c'est plutôt la grosse artillerie : claviers, cordes, batterie, guitares et cuivres sont au rendez-vous. La bête, elle, est plutôt docile, grasse comme il se doit, debout et fière mais la tête dans les épaules. Le phénomène de foire est sage mais se méfie. C'est étrange, tous ces gens venus pour vous voir après avoir passé tant de temps coupé du monde. Mais elle a sa fierté, la bête et compte bien donner une prestation pleine de panache.

La passe commence alors, le public applaudit le "monstre" et son matador fondu en une seule personne, Daniel Johnston, le plus grand raté et le plus génial de la pop, le Monsieur Jourdain de la folk. Surveillé de près par ses picadors qui sont attentifs à ce qu'il ait bien trouvé la page avec les textes de chaque chanson, qu'il ne s'assoupisse pas une fois affaibli alors qu'il est déjà assis devant son pupitre, ayant abandonné sa guitare dont il joue très approximativement pour se laisser porter par la musique d'un orchestre dont il a oublié jusqu'au nom. On compte "one, two, three, four" pour que le bonhomme au t-shirt tricolore démarre au bon moment. Une mise à mort, c'est injuste et cruel. C'est aussi magnifiquement triste et terriblement beau.

Johnston et son excellent orchestre livreront un magnifique combat, fait de chansons superbes et maltraitées, de moments d'émotions rarement croisés avec un chanteur folk, de moments pathétiques aussi, de souffrance et de honte aussi, de notre part, d'être là à regarder celui qui apparait comme un poisson qui aurait fait le grand saut hors de son bocal. C'était beau et triste, c'était Daniel Johnston et il ne cessera sans doute jamais d'être son propre matador... jusqu'à ce que mort s'en suive.

Un Johnston en appelle un autre, d’un autre genre : voici les  Brian Jonestown Massacre, qui se sont fait connaitre d’un plus large public en Europe par le film Dig ! d’Ondi Timoner : un docu-fiction sur la vie des BJM et The Dandy Warhols, et leur façon respective d’aspirer au succès.  Ils arrivent à huit sur scène, avec quatre guitares, tambourin, claviers, basse et à la batterie, Daniel Allaire, qui lance la machine sur chaque morceau, tout en puissance. Ici, c’est clairement la musique qui est mise en avant : les chanteurs sont situés sur le côté de la scène, et leurs voix sont même parfois couvertes par la vigueur des instruments. Au centre de la scène, Joël Gion, au tambourin, sur ses talonnettes et le fessier en arrière, regard assuré, ne s’adressera que rarement au public. En revanche, entre chaque titre, le groupe met trois minutes à se mettre en place, et on les entend marmonner avant de démarrer. Bizarrement programmé à l’Auditorium, ce groupe culte a fait venir ses fans jusqu’ici. Chaque titre démarre dans un son proche de celui de leurs potes des Dandy, et se poursuit dans une pop noisy qui nous replonge au début des années 90, l’impression de prendre une machine à remonter le temps et de se retrouver à la naissance de ce courant de musique intense, auquel appartenaient aussi des groupes comme Ride. Chaque titre comme un petit trésor, avec un mur de son et des guitares qui se mêlent et se démêlent, et nous emmène en voyage aux côtés de cette brochette de gars dégingandés qui envoient du bois.

Direction ensuite le théâtre Jacques Cœur, cette petite salle toujours si agréable à voir, malgré son éloignement des autres sites. Un grand écart donc : entre les lieux et entre les genres (le bonheur des festivals, et de Bourges spécifiquement). On y retrouve le trio Clermontois Mustang : Jean au chant, guitare et claviers, Johan à la basse et Rémi à la batterie. On ne peut pas vraiment éviter de parler de rockabilly et d’influence 50’s ; c’est tellement évident. Derrière sa banane, le chanteur n’en mène pas si large devant le public, on sent encore la jeunesse de ce groupe qui, seulement une année auparavant, jouait dans le cadre des Découvertes. Quand on va voir un concert de Mustang, il ne faut pas oublier de mettre dans son sac un brin de second degré, pour pouvoir être sensible à leurs textes en français, qui n’ont de poésie que justement le fait de ne pas la revendiquer. Les musiciens sont vraiment bons, le leader fait un véritable show à lui tout seul entre son jeu de guitare et de synthétiseur vintage. Le dernier morceau, une reprise de "Chez les yéyés" de Gainsbourg, a pu permettre aux non-initiés (si non initiés il y avait) de comprendre que Mustang, ça n’était pas un gag, ni une réincarnation des Forbans (ouf !).

Merci We have band. Je vous ai vus sur scène ce soir et j'ai compris pourquoi on parlait d'industrie du disque plutôt que de maison de disques, compris pourquoi il y a des chefs de projets plutôt que des directeurs artistiques, compris aussi qu'on puisse appeler un groupe un produit plutôt que des artistes. Enfin j'ai compris l'ironie et l'humour forcément cynique du nom de votre groupe. We have band. Nécessité bientôt absolue de s'affirmer en tant qu'artiste. Bref, vous avez un groupe et on se charge pour vous, là-haut dans les bureaux, de bien le vendre dans une société d'abord de consommation avant d'être de bon goût. Et pour cela, vous allez être un bon produit.

D'abord, votre trio est parfaitement représentatif avec le black, la blonde et le rocker. Maintenant que le génial roi du marketing Malcolm McLaren a disparu, c'est un peu plus dur mais qu'à cela ne tienne, la magnifique combinaison à paillettes de votre Stone sans Charden lui va à ravir lorsqu'elle tape sur ses pads électroniques. Côté musique, je vous félicite des quelques emprunts à la new wave de Depeche Mode et même parfois de Joy Division, notamment grâce au timbre de voix du batteur (qui joue debout, belle reférence). Bravo aussi d'avoir usé des codes de la dance musique. Beat puissant, break pour exciter la foule, passages sifflés pour reprendre de plus belle à grand renfort de claviers et de percussions.

Bref, j'ai enfin compris qu'effectivement certains groupes sont taillés pour être des artistes et d'autres pour divertir les masses laborieuses... quoi qu'il en soit, c'est courageux de choisir son camp. Bonne continuation, les stades n'attendent plus que vous.

Pour succéder à We have band, star montante de la pop musique au kilomètre, il fallait un groupe en contrepoids. Un groupe qui a réussi sur la fois d'un seul titre mais qui s'est fait sur les routes d'Europe, dans des rades pourris avant d'atterir sur la scène des Victoires de la musique et ce soir, sur celle du Zénith... euh pardon du Phénix, chapiteau décidément immense vu du fond. On devrait pouvoir faire tenir sans trop de peine de festival de la Route du rock tout entier dans cette immense construction de métal et de toile.

Mais plutôt que parler architecture, revenons à nos petits poneys qui, depuis notre première rencontre, ont évolué et ont pris sur scène une autre dimension. Imaginez ces gars là en train de faire leur Froggy's Session, il y a même pas un an, et les retrouver sur cette immense scène avec un son ultra fort et ultra compressé, capable de faire lever une nuée de téléphones portables à chaque temps de leurs compositions pop énergique, c'est presque incroyable.

Pourtant, c'est bien le cas et le public est absolument conquis dès le départ et totalement et irréversiblement converti à la cause de la musique des Pony Pony Run Run dès que retentissent les premières notes de "Hey You", tube interplanétaire en France et raison d'être ici sur la scène du Phénix pour le groupe. Belle progression donc pour ce jeune groupe et son premier album qui connait un sacré succès public, en espérant qu'ils ne se laissent pas haper (trop vite) par les sirènes du star system et la tentation du tube facile pour conserver un public large mais de plus en plus jeune. En tout cas, bravo à eux pour tout ce travail désormais récompensé.

Sur le Myspace de The Very Best, il est écrit "traditionnal Malawi Music, African reggae And everything from Ludacris to Phil Collins". Alors on va au Palais d'Auron plus curieux que jamais pour découvrir ces auto-proclamé "très meilleurs". En fait, il s'agit d'un DJ, de deux rappeurs dans des t-shirt à l'effigie du groupe et de deux filles en maillots de bain qui dansent. On nous aurait menti ? Oui et non. Leur musique puissante et énergique fait danser le public mais le côté hip hop façon "yo man, the very best is in the place" est un peu fatiguant et trop prévisible.

Dans le cadre de la "Rock and Beat Party", Foals est vraiment le phénomène et le type de groupes adapté pour ce genre de soirée. Et du coup chaque invité bénéficie d’un public d’ados survoltés qui fera le succès des prestations de ce soir. Foals n’échappe pas à la règle, les 2500 spectateurs du Palais d’Auron sont en liesse. Suite à un album (Antidotes) très bien accueilli depuis 2008 et d’ailleurs remarqué et apprécié par Dave Pen d’Archive, les Foals sont très heureux de se sentir "welcome back". Au début, le groupe ne nous convainc pas vraiment : la voix de Yannis Philippakis a des accents trop funky et malgré l’énergie déployée, et le talent du (très) jeune batteur, le démarrage est plutôt lent. Heureusement, au fil du spectacle, dans la deuxième partie du concert, on a comme l’impression que plusieurs styles se superposent en couches : du new wave au punk puis au rock sonique, et le chanteur se calque plus sur un son à la Robert Smith. Leurs rythmiques dansantes sont une constante sur tout le concert et l’intensité des derniers titres a hypnotisé la foule.

Finir un festival, ce n'est pas sans importance, le dernier concert est souvent celui qui risque de marquer pour toujours le souvenir global de 3, 4 voire 5 jours passés en compagnie d'artistes aussi divers en style et en qualité que ceux proposés au Printemps de Bourges. Et quand je dis finir, c'est aussi parce que le dimanche, c'est la journée "familiale", avec grosses têtes de gondoles (pardon d'affiche) au rayon Phénix en matinée (de 14h à 18h) pour que tout ce petit monde rentre ensuite couché bébé avant de reprendre le boulot le lundi. Et en l'occurrence, ce dimanche, Diam's et Danakil joueront sans Froggy's Delight, j'espère qu'il ne s'en porteront pas plus mal pour autant.

Bref, je disais donc, choisir son dernier concert, c'est délicat et entre M. Oizo au Phénix et Beat Assaillant au 22, le choix n'était pas forcément si évident que cela. D'un côté, l'épatant M.Oizo que l'on ne présente plus qui a su gagner un incroyable public dance et préserver ses talents de DJ et de bricoleurs électro pour faire quelques albums plus intéressants qu'il n'y parait. De l'autre, le collectif Beat Assaillant dont la date de ce soir ferme la tournée du groupe qui dure depuis... longtemps.

Un passage au Magic Mirror, vide, dans lequel un dj largement soixantenaire mixe d'incroyables titres entre bossa et bal populaire à la sauce dub, qui nous laisse le temps de prendre une bière et un verre de ce whiskey américain pas très bon plus tard, c'est définitivement les Beat Assaillant qui remportent les suffrages. On s'installe donc dans un 22 Est presque vide mais qui se remplira généreusement, sans pour autant être plein à craquer, pendant que le groupe termine ses préparatifs.

Arrive alors le groupe sur scène, ce soir la configuration sera 3 cuivres, 1 batteur, 1 clavier, 1 bassiste, 1 guitariste et bien sûr au chant la belle Janice Leca et Beat Assaillant évidemment, cet américain venu s'installer à Paris. Entre hip hop et jazz, soul et rock la musique du groupe est multiculturelle et universelle. La salle se déchaîne sur les tubes de Imperial Pressure, leur dernier album en date (2008). L'énergie sur scène est incroyable et la musique parfaitement en place. Ce qui n'empêche pas chacun des membres de ne pas trop se prendre au sérieux et de se faire autant plaisir qu'il nous en donne, du plaisir.

Encore plus que sur disque, on se rappelle en regardant ce concert les meilleurs moments de Galiano, parfois de Arrested Development. De "The Good news" au final jubilatoire sur "Crash the party", ce dernier concert était vraiment le concert qu'il fallait voir pour n'avoir qu'une envie, revenir à Bourges au printemps prochain pour avoir le plaisir de se prendre une claque comme celle-ci, au détour d'une petite salle et de ressortir avec une pêche d'enfer, même à 3 heures du matin après une semaine marathon !

Pendant ce temps au Phénix, nul doute que M. Oizo aura, lui aussi, fait oublier le quotidien de quelques milliers de personnes pour 1 heure... mais c'est une autre histoire.

 

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"Van Gogh, deux frères pour une vie" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Glenn naissance d'un prodige" au Théâtre Montparnasse
"Majola" au Théâtre Essaïon
"Gisèle Halimi, une farouche liberté" au Théâtre La Scala
"L'odeur de la guerre" au Théâtre La Scala
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Du côté de la lecture :

"Histoire de la guerre en infographie" de Julien Peltier, Vincent Bernard & Laurent Touchard
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