Analyse
"objective" :
La théorie musicale, pour peu qu’on soit à
même de dépasser nos carcans culturels, nous enseigne
(?. Non, mais ça se comprend tout seul) que les "fausses"
notes n’existent pas.
Expérience en est une illustration.
L’oreille est martyrisée dès le premier morceau,
il est difficile de s’accrocher aux schémas musicaux
(enchaînementss d’accords, enchaînements mélodiques)
en vogue en ce moment. Ceux qui aiment Einstürzende
Neubauten auront une idée de l’ambiance musicale
et générale, même si le format "chanson"
( ? ?) est ici quand même beaucoup plus respecté (mais
je n’en suis pas si sûr ). On n’est pas là
pour rigoler !
Plus techniquement parlant en terme de musique, pas mal d’idées
intéressantes. : Mélanges plutôt inédits
de sons actuels synthétiques et d’une structure beaucoup
plus classique rock. Mélanges détonnants de rap sur
des structures et des sons très rock. ("Traquer
la fièvre"). Un rap de "blancs" à
la sauce rock ? .
Les textes ? Ne vous attendez pas à une énième
déclinaison du mal-être gentiment pseudo-existentialiste
à la mode. Ici on aurait (pour l’ambiance) plutôt
affaire au Céline de "d’un château l’autre"
dans la crudité que l’image nous renvoie des autres
et de nous même (pas une question de mots ! ! !) . Des textes
très durs donc, sur les situations qu’ils décrivent
et ce qu’on peut déduire de ces situations.
Rien d’aussi violent et pornographique que ce qu’on
peut voir tous les soirs à la télé. Juste une
vision très crue du monde, un peu en dehors des normes acceptées
(acceptables ?).. Textes français ( en très grande
majorité) et politiques (sans être partisans) : L’actualité
de la fin du monde. On peut penser ce qu’on veut du sens profond,
mais il y a très peu d’équivalent sur la scène
actuelle.
Textes et musique ensemble ? Ca se cherche souvent, ça se
trouve parfois ("Le diable sur ta porte,
"somebody else but me"), mais
même quand ça ne se trouve pas on a au moins à
faire à des chansons (si si) qui sortent du commun .
On peut détester ce groupe d’une point de vue musical,
mais je pense qu’il a planté son drapeau sur une des
frontières de la galaxie musicale. On peut le détester
aussi d’un point de vue des textes, mais ça c’est
l’objet de la partie suivante.
Analyse subjective affirmée :
Moi non plus, je n’ai pas toujours l’envie, ni la force
surtout, d’écouter de la musique dure (dure musicalement
parce qu’atypique et explicite, pas parce qu’elle utilise
les clichés débandés des révoltés
du bounty – chocolat autour, noix de coco à l’intérieur.
– je peux donner des noms ! , dure en terme de textes parce
qu’on a affaire à 10 morceaux d’êtres humains
qui nous renvoient l’image d’un monde malade et en sursis).
Mais pas de discours. Le choix est très simple. Expérience
n’est pas un groupe pour les gens qui cherchent à oublier,
c’est un groupe pour les gens qui cherchent à se souvenir.
Il est important que ce groupe existe.
Le prochain album verra t il l’humour naître de la
rage ?
C’est pour ça qu’il faut détruire Carthage.
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