2003 a été
une bonne année pour Laika. Premièrement,
ils ont fêté leur dixième anniversaire, et à
cette occasion ils ont publié une compilation de 2 CD Lost
in space qui inclue des remixs, des inédits et des
morceaux live (ainsi que des peel sessions).
Cela n’était pas suffisant et ils ont également
publié un nouvel album Wherever
I am, I am what is missing dans lequel ils ont essayé
de donner une nouvelle direction à leur musique tout en utilisant
les mêmes éléments.
Quand j’arrive au Nouveau Casino, je n’arrive pas
à trouver les membres de Laika. Finalement, c’est Margaret
Fiedler qui vient vers moi et, oui, elle est plutôt
jolie.
Tous les membres de Laika ont joué dans des
groupes célèbres comme Moonshake...
(Margaret, tout sourire) : Ils ne sont pas célèbres
! Moonshake n’est pas célèbre !
... My Bloody Valentine ou encore les terrifiants
GOD...
Exact ! Les GOD étaient effectivement terrifiants.
... Alors : est-ce que Laika est un super-groupe
ou un vrai groupe ?
Nous ne sommes pas un super-groupe mais un vrai groupe
! Au début je ne pensais pas que cela fonctionnerait. Beaucoup
de groupes ont splittés en onze ans. Nous avons essayé
de faire les choses simplement, Guy et moi. Nous aimons faire différentes
choses. Habituellement nous sommes beaucoup sur scène mais
aujourd’hui beaucoup moins. Nous faisons ce que nous avons
envie.
Depuis 1993, le line up n’a pas beaucoup évolué.
Pour quelle raison?
Ceci n’est pas exact. En ce moment, Laika c’est
juste Guy et moi quand nous faisons des concerts. Cela, c'est nouveau.
Nous utiliserons à nouveau un groupe entier pour les festivals.
Nous avons été les mêmes pendant dix ans mais
pour les prochaines, nous essaierons de nouvelles choses. C’est
ça le concept.
Garder vous le contact avec Moonshake ?
Non, pas exactement. Je les ai revus samedi dernier
à un anniversaire mais je ne les avais pas vus depuis des
années.
Pourquoi avoir choisi Laika comme nom de groupe
?
Je pense que c’est une belle image que celle
de ce petit chien envoyé dans l’espace. Mais c’est
aussi fort triste. Parce qu’au centre [spatial], ils savaient
qu’il allait mourir. C’est une bien jolie image qui
illustre parfaitement notre musique. C’est assez mélancolique
et nous aimons ce sentiment dans la musique, dans les films, dans
les émotions qu’on ressent.
Pleins d’espoir et tristes.
Nous aimions également l’idée d’utiliser
le petit chien dans le vaisseau spatial pour la pochette de notre
premier album et nos posters.
Pourquoi ne plus utiliser cette image alors ?
Nous avons été ensemble pendant dix
ans et on a décidé de se séparer. Nous ne créons
pas une nouvelle image, nous testons. Je pense que nous allons faire
cela tous les dix ans.
Comment avez vous travaillé pour Lost in
space ?
Cela a été un travail que nous avons
beaucoup apprécié. Nous avons fait les choses nous-mêmes
et personne ne nous a beaucoup aidé. J’ai écrit
les notes de pochette, parfois avec Guy.
Ce travail a été très personnel : ce sont nos
chansons favorites, celles que nous avons écrites. Nous avons
choisi les morceaux pour que cela intéresse les gens : c’est
comme ça qu’à été construit le
second CD. Le premier CD, ce sont les chansons que nous jouons régulièrement
en live, nos morceaux préférés.
Est-ce une façon parfaite de clôturer
ces dix premières années ?
Peut être : c’est une façon de
voir plutôt agréable.
Votre nouvel album Wherever I am, I am what is missing
est dans le même esprit que les précédents.
Pourtant il y a quelques instants, vous parliez de changements...
Non, non. J’aime ce que nous faisons musicalement
et le nouvel album est différent. Je crois qu’il est
plus simple. C’est ce que nous faisons depuis le début
avec plus de précision. Je crois que nous sommes capables
de mettre beaucoup trop d’idées dans nos chansons.
Nous avons essayé d’écrire nos chansons d’une
façon apurée.
Comment écrivez-vous ?
Pour le nouvel album, ça s’est passé
d’une façon différente. D’habitude, Guy
et moi écrivons les textes et la musique ensemble. Mais pour
“wherever I am, I am what is missing”, c’est lui
qui a écrit la plupart de l’album lui-même.
J’ai été absente pendant près
d’un an et demi pour jouer de la guitare dans le groupe live
de PJ Harvey, j’étais occupée. Je devais normalement
écrire pendant mon temps libre. Mais je n’ai pas pu
le faire. Je ne peux pas écrire en tournée. C’était
de la folie : tu vois tellement d’endroits différents.
Et quand je suis rentré, j’ai commencé à
retravailler les morceaux. Mais cela les a surchargés. Alors
j’ai juste chanté.
C’est pourquoi je pense que “wherever
I am, I am what is missing” est plus pur, plus simple.
Qu’est-ce qui vous influence lorsque vous
composez ?
C’est un mélange de choses. Personne
ne peut être aussi simple pour dire qu’il est juste
influencé par un seul élément. Tout, autour
de nous, nous influence. Et je crois que c’est le sens des
choses qui est important pour nous. Comme d’autres nous sommes
influencés par notre propre travail, parce que nous savons
ce que nous avons fait et que parfois nous ne sommes pas capables
d’y discerner le bon et le mauvais. Mais les choses changent
et beaucoup d’idées étaient fausses. C’est
pourquoi nous changeons parfois d’avis. Parfois nous aimons
quelque chose... et cinq ans plus tard nous la détestons.
Ainsi, le nouvel album est une réaction par
rapport au précédent : il est plus simple. Nous avons
fait « Good looking blues » avec treize personnes. Cette
fois-ci “wherever I am, I am what is missing” a été
réalisé avec trois musiciens seulement.
Quels souvenirs gardez de vos concerts avec Radiohead
ou Air ?
Notre tournée préférée,
c’est celle que nous avons faite avec Radiohead en 2000, juste
avant la sortie de "Kid A". Nous avons adoré jouer
dans ces théâtres romains en ruine comme à Arles.
Malheureusement le concert de Vaison la romaine a été
annulé en raison de la pluie. Nous avons adoré jouer
dans de tels endroits. Nous avions la sensation de jouer sur une
autre planète. Nous avons eu beaucoup de chance de faire
ces concerts.
Les gens trouvent que la musique de Laika est un
mix d’électronic, de hip hop, de musiques expérimentales
et de pop. Qu’en pensez-vous ?
Tout à fait. C’est ce que nous avons
l’habitude d’écouter et nous essayons de l’intégrer
à notre musique.
Avec Lost in space vous résumez dix ans d’existence
de Laika. Quels sont vos plans pour les dix années à
venir ?
Peut être enregistrer plus d’albums ?
C’est amusant parce que nous avons une certaine lenteur et
en même temps nous essayons de faire les choses le mieux possible.
Nous tournons également et cela prend du temps. Tout comme
ma participation au groupe live de PJ Harvey pendant un an et demi.
En fait nous n’avons pas beaucoup de temps : nous faisons
beaucoup d’autres choses et sommes toujours très occupés.
Préférez vous jouer live ?
C’est différent : j’aime faire
des concerts. J’adore voyager. J’aime ce que les gens
n’aiment pas en général dans les tournées
: découvrir de nouvelles nourritures, prendre l’avion...
J’aime aussi discuter avec les gens à la fin des concerts
: ce contact est nécessaire parce qu’en studio, nous
ne voyons personnes et il ne faut pas oublier que le but de la musique
est de communiquer. Mais parfois j’aime enregistrer en studio
: nous pouvons prendre le temps de travailler les morceaux, ajouter
ce que l’on veut dedans.
J’aime notre nouvel album. Il s’agit de
premières prises et c’est ce qu’il ne faut pas
faire en général : on enregistre en général
trois ou quatre fois un morceau avant de trouver la bonne version.
Dernière question : pouvez vous décrire
votre musique en trois mots ?
Pop, mélancolique et spatiale.
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