Réalisé par Joào Pedro Rodrigues. France/Portugal. Comédie dramatique. Durée : 1h30. (Sortie 28 avril 2010) Avec Fernando Santos, Alexander David, Gonçalo Ferreira de Almeida, Chandra Malatitch, Jenny Larrue et Cindy Scrash.

Pour les cinéphiles, le cinéma portugais se résume à Manoel de Oliveira, le seul centenaire encore en activité sur les plateaux, et à quelques réalisateurs appartenant à sa galaxie, c’est-à-dire adeptes d’un cinéma littéraire, peu ancré dans la réalité quotidienne lusitanienne, et mettant surtout en valeur la musicalité de la langue portugaise.

Avec "Mourir comme un homme", ils découvriront un tout autre Portugal, celui des travestis de Lisbonne. Pour décrire le destin malheureux d’une reine de la nuit vieillissante et qui, conformément au titre du film, va quitter sa perruque blonde, pour mourir comme un homme, Joao Pedro Rodrigues a choisi la voie du mélodrame. Pas celle d’un mélodrame exubérant dans la lignée d’Almodovar, mais plutôt celle d’un mélodrame plein de retenue, transcendé par le jeu subtil de Fernando Santos. Le travesti qu’il propose n’est pas loin de rappeler le personnage décrit par Rainer Werner Fassbinder dans "L’Année des Treize lunes".

"Mourir comme un homme" réussit à la fois à s’inscrire dans la tradition du mélo, en multipliant les chansons gorgées d’émotion, et, à s’en éloigner en faisant voyager ses personnages plutôt que de les enfermer dans la théâtralité attendue.

Par cette capacité à jouer sereinement des codes, à leur imposer sa marque, Joao Pedro Rodrigues est un cinéaste qui ne devrait pas en rester là.