On m'a dit : "Trans Am, c'est vachement bien". Le post-rock-électro-dégénératif-futuriste-psycho-mathématique, je n'y connais pas grand chose mis à part Kraftwerk, il était temps de rafraîchir mes références.
Aussi j'ai décidé de suivre la recommandation et de combattre mon inculture en me lançant dans ce concert, il fallait bien un départ pour combler mes lacunes.
Première constatation : Trans Am n'a pas réussi à battre le pont de l'Ascension. Le club vide de l'Aéronef avait bien triste mine à mon arrivée, pourtant, le concert était gratuit pour les abonnés de la salle... Ce genre musical serait-il réservé à une certaine élite ?
Deuxième constatation : j'étais bien contente d'avoir mes bouchons d'oreille en assistant au démarrage de la première partie, Lazer Crystal (plus cliché que ça comme nom, tu meurs).
Sans connaître le genre, je suis pratiquement sûre que le groupe en est un condensé d'influences : des synthés faisant des blips sur une batterie aux rythmes lourds et asynchrones tandis qu'une voix aux paroles indéchiffrables s'étire et se déforme, ça doit fatalement être un cliché du genre rock-électro germanique des années 90.
Hélas, leurs morceaux ne me parlent pas vraiment : à peine je m'y accroche qu'ils s'achèvent, alors que j'en attends bien plus. Comme un avion trop lourd qui peine à décoller, Lazer Crystal m'entraîne bien difficilement jusqu'en bout de piste pour me planter là, dans l'attente d'une montée en puissance qui n'arrive pas.
Cette révélation, je l'aurai lors du passage de Trans Am sur scène.
Même disposition, une batterie au milieu encadrée de deux musiciens, cette fois-ci armés de guitares. Sont-ce celles-ci qui ont changé la donne, ou la bière que j'ai avalée entre temps ?
Quoiqu'il en soit, au départ du premier morceau, "Television eyes", je sens enfin ce décollage que j'attendais tant.
Pourtant on a là aussi un batteur déchaîné, une voix transformée au vocodeur et des synthés futuristes, mais c'est une toute autre dimension que je réussis à atteindre. Je ferme alors les yeux pour mieux plonger dans cette explosion de puissance sonore à laquelle je n'avais jamais encore assisté ; les boucles mélodiques répétitives de chaque morceau sont comme un fil d'Ariane dans cette traversée d'un nouveau monde que découvre mes oreilles.
Le parallèle me paraît évident, cette musique, c'est la même émotion que je peux retrouver face à un orage : une énergie concentrée libérée par le tonnerre. C'est agressif, c'est furieux, c'est mordant, c'est dangereux, une révélation pour moi qui me croyais imperméable au crachage de bruit à tendances spatiales, loin de soupçonner toute la richesse qu'on pouvait y trouver. Il faut dire que le jeu de batterie de Sebastian Thomson est hypnotique tant il monte en puissance sans jamais montrer le moindre signe de ralentissement, à mon plus grand plaisir.
On me dit que le groupe a joué de ses classiques, piochant dans tous ses albums (et ils sont nombreux). Certains titres comme "Black matter" ou "City in flames" parleront peut-être au connaisseur, pour ma part je les ai reçus de plein fouet pour une première écoute sans savoir de quel album, de quelle influence. La claque de la découverte n'en était que plus forte.
Pendant plus d'une heure, les membres de Trans Am auront déroulé leur concert dans une tension continue à très haut voltage. À peine le spectacle fini qu'à mon tour, redescendue sur terre, j'ai pu m'exclamer sans retenue : "Trans Am, c'était vachement bien". |