Ce vendredi, la pluie ne m'a pas empêché de manger un barbecue sur ma terrasse, elle ne m'empêchera pas non plus de venir assister à ce concert éclectique d'hommes, de machines et de guitares.
Car si les 3 groupes regroupent ces différents éléments, ils en font une utilisation bien différente.
La première utilisation de ce combo est Boogers. Auteur, compositeur, interprète, Boogers est un projet solo voire solitaire !
Seul sur scène, il lance les instrus depuis son synthé et sa platine qui accompagne alors sa guitare et sa voix.
Tantôt pop, tantôt rock les morceaux sont révélateurs de sa personnalité décalée et de son humour un tantinet absurde et plutôt efficace.
En véritable showman, il ose sauter le lacet défait par dessus un retour au péril de sa vie ! Heureusement, cette cascade de haute voltige ne nuira pas à la suite du concert. Même s'il n'occupe que peu de place sur scène, il compense avec une bonne présence allant même jusqu'à aguicher les jeunes demoiselles avec son torse nu et maigrichon.
Le set ne dure qu'une toute petite demi-heure on aurait voulu un peu plus, mais le tout constitue une bonne entrée pour la soirée.
Malheureusement, le plat suivant n'est pas garanti sans OGM. Les Dandy Freaks sont un ovni qui n'en finit pas de traverser le ciel de Saint-Etienne. Il faut dire que le groupe jouit d'une identité visuelle très marquée. Cela se traduit notamment par des couleurs fluorescentes et la fausse fourrure assortie. La chanteuse extrêmement kitsch est une attaque massive contre les daltoniens, un des guitaristes est vêtu d'un trois quart en vinyle rouge et noir tout droit sorti des démons de minuit, tandis que l'autre fait du revival années 80 avec son pantalon de cuir et sa chemise ample façon Johnny dans ses plus "belles" années.
Le DJ arbore un look un pseudo look hip-hop avec casquette plate et t-shirt bariolé, le look du chanteur étant identique à la différence prêt d'un sarouel plus roots. Vous l'aurez compris, le groupe affiche une beaufitude assumée.
D'une origine électro-punk rock, les dandys nous offre ce soir de l'électro-nawak, du grand n'importe quoi mis en forme. La rythmique, assurée par le beat électro simpliste, est accompagnée de guitares punk-rocks basiques.
La musique s'enfonce un peu plus quand le groupe part dans des chansons aux accents reggae et dub. Le fond est atteint dans une sorte de réminiscence de transe que l'on aurait bien laissée au placard des années 90.
Quoique, les paroles sont peut-être encore plus navrantes. C'est bien leur sens du spectacle qui compense toutes ces faiblesses. Les lumières ultraviolettes, l'écran diffusant des vidéos psychédéliques et la mise en scène viennent ajouter au délire visuel.
Armé de tout un tas de gadgets, ils interagissent énormément avec le public. Un canon en strass et fourrure qui jette des bonbons, le slam sur un orque gonflable, des canons à cotillons, deux énormes ballons qui rebondissent au dessus du public, il y en a pour tous les mauvais goûts. Le plus étonnant, c'est que ça marche.
Pour fêter la fin de leur résidence au Fil, le set se clôture sur une distribution de champagne, ce qui permet de terminer sur une note positive.
C'est au tour du plat de résistance, j’ai nommé les Naïve New Beaters. Ce groupe américano-parisien se déplaçait pour la première fois dans cette bonne vieille ville de Saint-Etienne.
Les NNBS ont tout du boys band branchouille parisien. Beaucoup plus sobre que les dandys, ils n’en cultivent pas moins une ringardise subtilement travaillée : les coupes de cheveux playmobiles et les pulls chauve-souris créent le décalage suffisant pour être reconnaissable et savamment impertinent.
Mais c’est surtout leurs chansons très tubesques qui font mouche. Leur musique pourrait s’apparenter à l’alliance des Beasty Boys et de Ratatat, le tout injecté dans des morceaux pop fédérateurs. L’accent américain et le bagout du chanteur crée une très bonne connexion entre le groupe et le public.
Les petites chorégraphies et la mise en scène marche bien et feront un malheur à n’en pas douter devant des teenagers. Toutefois, on conseillera à Eurobelix de rester aux machines plutôt que de faire ses quelques pas de profils qui laissent perplexe. Les paroles posées sur un bon flow s’adressent volontiers à ce même genre de public. Même si la foule met du temps à réagir aux interpellations anglophones de David Boring, le courant passe et la salle prend feu, la vigueur de la jeunesse apportant l’émulsion manquant aux spectateurs vieillissant que nous sommes. On quittera la salle avec l’entêtant "Bang Bang", satisfait du repas servi ce soir. |