Réalisé par Olivier Coussemacq. France. Comédie dramatique. Durée : 1h30 (Sortie le 12 mai 2010). Avec Anaïs Demoustier, Aurélia Petit, Ludmilla Mikaël, Sylvain Dieuaide et Pascal Greggory.

Avec "L'enfance du mal", Olivier Coussmacq se risque sur un chemin largement oublié du cinéma français, celui du "thriller psychologique". D'ordinaire, terrain de chasse de quelques grands noms, comme Claude Chabrol ou Michel Deville, le genre n'est en général pas propice aux premiers films puisqu'il nécessite une rigueur à la fois dans le scénario et dans le filmage, ressentie comme une contrainte bridant la créativité.

Bref, traiter d'une histoire "simple", inscrite dans l'étude d'un milieu particulier ou dans un cadre familial resserré, ne paraît pas le bon véhicule pour faire ses gammes et beaucoup de jeunes cinéastes craignent sans doute de se rapprocher d'une production télévisuelle et de voir leur film assimilé à un téléfilm.

Utilisant le canevas dont s'était récemment servi Denis Dercourt dans "La tourneuse de pages, celui d'une jeune fille pénétrant une famille bourgeoise pour y assouvir une vengeance, Olivier Coussemacq s'appuie avant tout sur une distribution de qualité. Déjà présent dans "La tourrneuse de pages", Pascal Greggory forme avec Ludmila Mikaël un couple étonnamment crédible de bourgeois provinciaux modernes. Quant à la jeune fille sur qui repose l'intérêt de l'histoire, Anaïs Demoustier, elle joue parfaitement l'ambivalence entre naïveté et perversité.

Certes, Olivier Coussemacq n'a pas les décennies de pratique du genre d'un Chabrol pour pimenter son récit d'un peu de transgression humoristique. Cependant, avec "L'enfance du mal", il fournit un film honnête, jamais ennuyeux et utile dans le débat actuel, celui de la reconstruction d'un cinéma "moyen" évitant la polarisation excessive du cinéma français entre quelques grosses productions et un cinéma d'auteur de plus en plus marginalisé.