Les grenouilles sont lâchées !
Un spectacle pour enfants, un opéra et quatre groupes au Zénith… Paroles et Musiques est lancé ! Sous la pluie… Festival pluvieux, festival heureux ! Mais aurons-nous assez de bons mots météorologiques pour tenir la semaine ?
Mercredi 12 Mai, la 19 ème édition du festival Paroles et Musiques ouvre le bal, cette année encore avec une belle programmation : entres autres… La coterie, Féfé, Florent Vintrignier Java, La rue Kétanou, Barcella, Cantate pour un cœur Bleu, petites chroniques éclectiques pour ce premier jour par Lauriane & Nathalie.
La Coterie
Pour la nouvelle saison 2010, le festival Paroles et Musiques a débuté avec un concert privilégié pour les enfants. Mis en scène par La Coterie, et en partenariat avec le groupe les Têtes Raides, ce spectacle fut riche en animation. Dès le début, les musiciens sont arrivés en fanfare, déguisés par des masques très imaginatifs.
La salle, essentiellement composée par des enfants, fut rapidement en effervescence devant ces personnages originaux. Entre chansons aux sonorités multiples et sketchs délirants, impossible de s'ennuyer ! L'ambiance est d'ailleurs maintenue par les interruptions intempestives du "petit mort de rire", un crâne farfelu qui n'a pas la langue dans sa poche ! Sans oublier non plus la présence omniprésente d'un "policier des loisirs" atypique, qui semble avoir pour mission d'inculquer une éducation subversive à nos chérubins. Humour noir et cynisme sont au rendez-vous pour dénoncer un système scolaire et sécuritaire abusif. Pas sûr que ce discours convienne vraiment à un public dont la moyenne d'âge était de 9 ans. Cependant, le spectacle redevient enfantin lorsque deux classes de CE1 CE2 et CM1 CM2 viennent nous présenter les chansons qu'ils ont entièrement écrites et réalisées avec l'aide de la Coterie. Le résultat est tout simplement émouvant, autant par la poésie de leurs paroles que par leur application à bien les chanter. En bref, un très bon moment que même la pluie à la sortie ne saurait gâcher !
Lauriane Clément
Barcella & Cantate pour un coeur bleu
Barcella… Un nom à retenir ! La salle de l'opéra théâtre est pleine ce premier soir de festival, d'un public bigarré, mêlant les générations et les styles.
Et c'est une petite ambiance cabaret qui nous est donnée à vivre pour cette première partie. Des parapluies au plafond, rappelant sans conteste que dehors, il pleut ! Piano à queue, éclairage tamisé, lumière rouge et bleue… voilà pour la mise en scène. Façon Charles Trenet version 2010, Barcella nous séduit par son sourire, ses jeux de mots, son jeu de scène, simple, honnête mais efficace.
Un peu de violon, un peu d'accordéon, du piano et des petites guitares donnent le rythme musical à l'ensemble. Les textes sont quant à eux tour à tour très drôles, comme "Le poisson rouge", chanson un peu coquine, émouvantes quand il nous parle de "mémé en maison de retraite" ou nostalgiques à la mistral gagnant.
C'est du hip hop, du slam, de la poésie chantée… A chaque morceau, il fait des blagues, interpelle le public, joue avec lui en l'incitant à manifester sa présence.
Et ça marche ! Rires dans la salle et applaudissements en règle !
On adhère et on en voudrait encore un peu…
Mais place à Cantate pour un cœur bleu. "Une pièce musicale" en somme avec pour tête d'affiche Enzo Enzo et Romain Didier, même si la "star" de ce soir est le Chœur de la Maitrise de La Loire dirigé par Jean-Baptiste Bertrand.
Avec le ton donné par Barcella, la suite s'annonçait plus qu'heureuse. Mais j'en suis ressortie sceptique.
Curieuse idée d'avoir programmé ces deux concerts à la suite. Les univers sont aux antipodes et brouillent pour le coup la cohérence de cette soirée qui avait si bien commencée. Je ne dirais pas ne pas avoir aimé. Les enfants du Chœur chantaient merveilleusement bien, nous entrainant dans un univers de voix reposant et plein de sensations d'évasions.
L’Orchestre Symphonique de Saint-Etienne jouait bien son rôle, en accompagnant les textes écrits par Allain Leprest avec justesse.
Mais… après les trois premiers opus qui laissaient envisager un très bon moment, je me suis retrouvée dans une situation particulière, à chaque nouveau morceau, j'avais l'impression de l'avoir déjà entendu… juste avant… Les textes étaient intéressants, narrant la Méditerranée, les odeurs, les couleurs, les ambiances propres à ce continent marin, mais pour la musique… J'ai eu la désagréable sensation de tourner en rond, de chercher le sens, le chemin vers le plaisir, tel Thésée (et oui, nous sommes en Méditerranée !) dans le labyrinthe de Dédale, mais "une Thésée" sans fil d’Ariane… Pas d’évasion, d’horizons lointains, pas de frissons…
Les petits échanges de connivences entre Enzo Enzo et Romain Didier nous excluant un peu de ce qu'il se passait sur scène, apportèrent une légère frustration supplémentaire.
Dans le public, des applaudissements, mais pas de standing ovation !
Fin de soirée, je suis rentrée, sous la pluie, un peu déçue de n’avoir pas pris le soleil de la belle bleue que m’annonçait Cantate, pour ce premier jour de festival.
Nathalie Besset
Soirée au Zénith Florent Vintrigner, Féfé, La Rue Kétanou
Dans cette première soirée au Zenith, l'ambiance est teintée de "Rue Kétanou".
En effet, les concerts débutent par Florent Vintrigner, accordéoniste du groupe de la Rue Kétanou qui, même s'il ne renie pas son influence bohème, se démarque du groupe pour nous proposer son propre style. Accompagné de ses musiciens, il nous emmène dans une atmosphère tranquille, et conviviale.
Cependant, l'originalité manque à la partie. Pour apprécier les chansons de Florent Vintrigner, il faut effectivement écouter attentivement les paroles de ses chansons, qui racontent son vécu et sont essentielles dans sa musique. Mais malheureusement, elles n'étaient pas facilement compréhensibles, ce qui a fait beaucoup perdre au concert. Cela étant dit, l'ambiance est parfaite pour un début de soirée, et un concert sympa mais pas exceptionnel.
Néanmoins, la simplicité n'est pas de mise pour ce second concert de la soirée, dans lequel Féfé fait beaucoup pour mettre le feu au public, et peut-être même trop. Cet artiste, ancien membre du groupe Saïan Supa Crew, mélange les genres, et entre slam énergique et blues lent. Quel que soit le genre musical de sa chanson, on ne peut pas nier l'effort de dynamisme qu'il fait pour motiver les spectateurs. Il fait frapper le public dans ses mains, le met à contribution pour chanter, et n'hésite pas à sauter dans la fosse – acte tout de même inhabituel dans un zénith !
Et heureusement, cela fonctionne! Féfé, ou F au carré comme il s'appelle lui-même, a réussi à créer une réelle connivence avec son public. Néanmoins, cela ne masque pas la légèreté de ses paroles, emplies de conseils et d'une soi disant sagesse des quartiers, qui sonnent creuses. En résumé, Féfé nous proposa un concert plein d'un dynamisme, qui sembla convaincre le public, même si personnellement je demeure sceptique.
Avec l'arrivée de Java sur scène, la soirée a pris un tournant explosif et chaleureux. Le groupe a littéralement enflammé le public, et a transformé le zénith en bal musette ! De nombreuses danses (où des spectateurs pouvaient même parfois monter sur scène) ont ainsi jalonné le spectacle. Parce que, effectivement, Java c'est avant tout un groupe qui a pour but de propager des influences folkloriques, par le biais d'instruments du passé, et d'accordéon.
Et cela fait véritablement chaud au cœur de vivre une ambiance si atypique dans notre vie de tous les jours. Java, c'est un univers chaleureux et généreux qui se fiche des règles imposées par la société. La preuve en est que pour leur rappel, ils se sont permis de réaliser un de leurs délires : se déguiser en Pape pour le chanteur, et en moines pour les musiciens, pour prêcher une religion commune qui résoudrait tous les conflits religieux : le "Chréjuimane".
Enfin, le concert n'aurait pu prendre fin sans la fameuse chanson "Sex, Accordéon et Alcool", qui a conclu en apogée un moment riche en émotions.
En réalité, je me suis même demandée comment, après ce concert, la Rue Kétanou pourrait
parvenir à maintenir une ambiance aussi survoltée.
Le défi était en effet gros à relever pour la tête d'affiche de ce soir. Toutefois le groupe La Rue Kétanou est arrivé, comme à son habitude, égal à lui-même. C'est en toute simplicité qu'ils nous ont présenté quelques musiques de leur dernier album, A contresens, et qu'ils nous ont réinterprété leurs chansons les plus connues, comme "Tu parles trop", "Almarita", ou encore "Les Hommes que j'aime".
Et c'est avec le même engouement qu'à l'accoutumée que le public a accueilli le groupe. Mais voilà que j'utilise déjà trop de superlatifs montrant l'habitude. Car il est vrai que même si la Rue Kétanou reste un excellent groupe, ils ne prennent pas de risques en concert, et ne nous surprennent plus, ce qui est tout de même dommage.
Néanmoins, cela n'a en rien enrayé la complicité que le groupe a réussi à créer avec son public. D'ailleurs, la Rue Kétanou nous a montré une fois de plus sa générosité, en répétant aux spectateurs à maintes reprises de ne pas oublier d'aller voir des groupes qu'ils ne connaissent pas, ce qui est vrai est l'intérêt principal d'un festival. Il faut bien dire que sans nul doute, le public s'est essentiellement déplacé ce soir pour la tête d'affiche.
Quoi qu'il en soit, ce fut également un plaisir lorsque la Rue Kétanou a invité sur la scène le groupe Batignolles. Fondé par Olivier Leite, le guitariste de la Rue Kétanou, il n'avait effectivement dû annuler son concert de l'après-midi, prévu sur la scène extérieure du festival, pour cause de mauvais temps.
En somme, un bon concert qui, même s'il a été un peu décevant à cause du manque de surprises, a confirmé – si on en avait encore besoin – la qualité de la Rue Kétanou.
Lauriane Clément |