Stand-up
de Manuel Pratt.
Manuel Pratt, c'est un peu le fils de Gustave Parking et de Hara Kiri. Du premier, il possède la dextérité consommée du bonimenteur relevée à la tchatche des gars du Sud et du second l'art du rire bête grinçant. Plus la Pratt touch qui consiste en un oeil sans concession de kamikaze humaniste face à l'actualité planétaire.
Car s'il pose la fameuse question du "peut-on rire de tout
?" ce n'est qu'en tant que clause de style car il pratique délibérément
"le rire en exutoire" et déballe tout, rappelant que "le silence
des pantoufles est aussi terrible que le bruit des bottes".
Son antienne : "brisons les interdits et les tabous", notamment
ceux dont se drape la société contemporaine avide de consensualisme,
de politiquement correct et de bonne conscience.
Conjuguée avec un humour noir et burlesque qui agit à la manière des bombes à fragmentation, provocateur non sans raison, trublion sans doute, il dynamite toutes les certitudes, pose les questions qui dérangent et révèle la face cachée de nos semblables sans faire de concession. Des meurtres d'en
Sévissant surtout dans son bastion avignonnais après quelques
limogeages parisiens aux forts relents de censure, il est néanmoins
monté exceptionnellement à la capitale - donc à ne pas rater
- pour distiller un best of sans concession, "Le
meilleur du pire", sous forme d'un stand up terriblement
punchy qui laisse parfois KO.
Quinqua blanchi sous le harnais d'une plume prolifique acérée,
caustique et décapante et d'un esprit frondeur toujours en éveil
pour tarabuster les consciences, il ne s'impose aucune limite.
Du comique identitaire à la pratique des jeux récréatifs avec
des handicapés, tel le mikado pour les parkinsoniens, de la
marée noire qui transforme les mouettes en chauffage d'appoint
au parallèle entre la politique d'Israël qui estime traiter
les palestiniens avec humanité et les nazis qui "invitaient"
les juifs à venir dans les camps parce qu'il y avait du feu
dans la cheminée, toutes les religions, exactions et carambouilles
sont décryptées et passées au mixer. Le jus n'est pas forcément
joli joli mais férocement juste et terriblement drôle.
Bien évidemment réservé à ceux qui ne se cachent pas derrière leur petit doigt. |