Pas moins de quatre chanteuses, trois chanteurs, un bassiste, un guitariste, deux cuivres et deux percussionnistes pour accompagner le duo de DJ-producteurs américains de passage à l'Élysée Montmartre.
Fondé en 1995 à Washington DC, Rob Gaza et Eric Hilton se sont illustrés dans le style "lounge", un mélange doux de world music rehaussé de rythmiques techno.
Le concert s'ouvre sur un rythme psychédélique, un joueur de cithare assis en tailleur sur le devant de la scène.
Des images, motifs ou films se dessinent comme sur un écran transparent par un système de diodes placées derrière la scène et devant les DJ.
Dans la salle, on a l'impression d'avoir le nez collé à un écran géant, devant et dans lequel s'incrustent les musiciens.
Après un début de concert où le public réagit un peu mollement, la salle s'enflamme sur les rythmes de techno tropical et surtout après la prestation d'un des chanteurs, un cubain à la voix de velours. Le public est à l'image du groupe sur scène, métissé, les origines et les couleurs mêlés, comme dans une publicité Benetton. De plus en plus, le public agite les bras, danse, réagit aux coups de boutoir des infra-basses.
Les chanteurs qui se succèdent et tous le musiciens sont excellents. Ils emmènent par le rythme le public d'un Elysée-Montmartre, plongé dans une chaleur tropicale en cette soirée orageuse de juin, des plages de Copacabana aux rivages de Goa, de la terrasse d'un café parisien à un bar de Kingston, des avenues de La Havane aux artères de Tokyo.
Diablement efficace pour danser, cette world music globalisée ne demande qu'à être intégrée sur les disques durs des lecteurs mp3 fabriqués en série dans les usines chinoises. On a beau constater le potentiel dansant de Thievery Corporation, on reste devant cette musique aussi dubitatif qu'un José Bové devant un épi de maïs Monsanto. On est face à de la world globalisée, génétiquement modifiée. On cherche l'authenticité dans le produit proposé par Thievery Corporation. Et on n'en trouve pas.
On se rappelle comment lors de la tournée des Contino Sessions, le groupe de DJ-producteurs Death In Vegas avait lui aussi entièrement retravaillé tous leurs morceaux pour qu'ils soient interprétés sur scène par de vrais musiciens.
Mais dans le cas de Death In Vegas, on sentait que les têtes pensantes du projet baignaient dans la culture club, la culture rock steady, la culture rock... Chez Thievery Corporation, on se retrouve dans une musique de carte postale, dans de la danse pour palace de luxe, dans de la musique sans culture et sans racines.
Ce show efficace mais sans âme trouvera néanmoins tout à fait sa place lors des festivals rock de l'été pour clôturer les soirées.
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