La sortie du deuxième EP de La Fiancée, maxi quatre titres sobrement intitulé Deux, confirme le talent d’une chanteuse qui réussit à nous redonner espoir en la pop française. Et la pop en question n’est pas ici prise au sens large : il s’agit d’une pop élégante, orchestrale, convoquant une instrumentation travaillée, mise en évidence par des chœurs denses. Chaque chanson, par sa touche mélancolique (toute pop-song digne de ce nom se doit d’avoir une touche mélancolique), exprime une désillusion, selon un contraste en clair-obscur : il ne peut exister de joie pure sans un élément de tristesse. Et la vie est d’ailleurs plus belle dans ce mouvement de passage entre le noir et le blanc. La joie, semble nous dire Claire (La Fiancée), reste la seule force possible, sur laquelle il faut compter, quelles que puissent être les conditions de vie.
Dans le premier titre, "On Avait Juré", deux amants se promettent de s’aimer plus haut, de prendre des risques pour faire grandir l’amour, de danser sur des feux de joie. "Soleil Pâle" exprime bien le clair-obscur, cet aller-retour entre joie et tristesse – les chœurs magnifiques exprimant les derniers moments avant la fin d’un long parcours. Quant aux "Mains Sales", il s’agit d’une chanson sur l’impossible oubli : les peines de l’enfance ne pourront jamais se laver : on n’effacera jamais rien / on peut tout au mieux délaver. Enfin les "Femmes à Gages", ayant une résonance avec "Hop-là" de Barbara – une résonance trop flagrante pour que ce ne soit pas un hommage – met en scène une fille de joie, nue au-dessus des tatouages de ses clients, vendant son plaisir avec la conscience que des images de ces moments-là lui reviendront chaque nuit. Cet EP évoque la recherche d’un temps perdu – assurément celui de l’enfance. |