Comédie de Eugène Labiche, adaptation et mise en scène de Anne Coutureau, avec Véronique Dréau, Raul Fokoua, Emmanuel Infantès, Ludovic Mahier, Cécile Roygnan et Elisa Thuan.
Parmi les 166 pièces écrites par le roi du boulevard que fut Eugène Labiche figurent nombre de petites pièces tant en intrigue dramatique qu'en forme qui fonctionnent comme autant de satires bon enfant dans lesquelles le comique côtoie le burlesque.
Tel est le cas de la comédie-vaudeville "Deux papas très bien", en l'espèce expurgée de ses couplets, que Anne Coutureau, auteur, comédienne et metteur en scène, présente au Théâtre du Nord-Ouest, dans le cadre de l'Intégrale Labiche, avec quelques élèves de l'Atelier pour amateurs qu'elle dirige au sein de la Compagnie Théâtre Vivant dont elle est un des quatre membres fondateurs, et qui épingle avec la lucidité de l'observateur sans fiel notamment les valeurs bourgeoises que sont l'argent et le paraître.
Celle-ci entraîne le spectateur dans la bonne ville d'Etampes pour louer les vertus paternelles d'un propriétaire terrien qui a la tête près du bonnet, aussi à l'aise dans ses terres que dans sa langue fleurie (pétulante Véronique Dréau) et d'un grammairien membre de l’académie, coincé dans sa redingote comme dans sa pratique de l'imparfait du subjonctif (Emmanuel Infantès) qui veulent unir leurs uniques rejeton en alliant raison et inclination..
Le fils du premier, bonne pâte, est médecin à Paris (Ludovic Mahier) et la fille du second une pécore soucieuse du paraitre (Elisa Thuan). Tout serait rondement mené si n'intervenait un second prétendant beau parleur et par la dot alléché (Raul Fokoua) et un fils naturel qui pourrait bien être l'un ou l'autre des deux partis.
Même si l'interprétation est un peu inégale et manque parfois d'assurance, tout est bien qui finit vite bien sous les yeux d'une bonne loufoque et presque inquiétante à la manière de celle de "La cantatrice chauve" de Ionesco (étonnante Cécile Roygnan). |