Troisième album des londoniens de Mystery Jets, Serotonin creuse le sillon d'une pop agréable. La voix du chanteur Blaine Harrison étonne sur la première chanson, où pour une fois il ne semble pas juste sortir de son lit pour enregistrer.
Mais on n'est pas dans une période où il convient de prendre trop de risque, surtout lorsqu'on vient de trouver une nouvelle maison de disques, Rough Trade, après s'être fait virer de la précédente.
Alors la position adoptée est clairement d'enchaîner des morceaux de facture classique, mais efficaces. "Alice Springs" qui ouvre l'album avec ses guitares mixées en avant, le chant grandiloquent et ses chœurs en pleine charge héroïque offre une entrée en matière estampillée années 80, mais réussie. "The Girl is gone" est une ballade gentiment douce-amère. Sur "Lady Grey", le groupe lorgne plutôt vers les guitares du début des années 90, pour un morceau bien équilibré.
Cependant, "Too Late To Talk" en mauvaise imitation des Beatles période Rubber Soul - album sous haute influence des cigarettes qui font rire - ne fonctionne guère. "Waiting On A Miracle" en valse baltringue ampoulée ne sera pas non plus la piste de ce disque que le laser de ma platine risque d'abimer.
Aucun doute que les Mistery Jets sont un groupe dans lequel on connaît bien sa grammaire mélodique et qui est capable de sortir une pop faite pour être soutenue par des cordes, comme les anglais savent si bien le faire (Beatles, Oasis, Verve...), et pourtant certains sons de synthés sonnent parfois bien cheap ("Show Me The Light", "Melt").
A la fin de Serotonin, on n'a pas été tenté de changer piste, on a laissé le disque se dérouler tranquillement, sans anicroches, sans faute de goût marquée, mais il reste cette impression d'avoir déjà souvent entendu des morceaux comme ceux-là durant ces vingt ou trente dernières années. Album agréable, mais guère surprenant, dont on se dit qu'il rejoindra bien vite le cimetière des disques oubliés au fond d'un tiroir et dont on oublie jusqu'à l'existence. |