Monologue écrit par Larry Tremblay, mis en scène par Benoït Gautier et interprété par Micky Sebastian.
"Être ou ne pas être ?". Il n’y a pas que Hamlet qui se pose cette question ! Ici, notre personnage, Martha, la cinquantaine est face à l’autre, ce double "contraire". Le moment charnière ou l’on se pose, pas longtemps, mais suffisamment pour éviter cette crise de nerf qui arrive comme un trop plein. Martha ausculte sa vie, son histoire d’amour avec un homme de pouvoir, peut-être même avec le pouvoir simplement...
Médecin de sa propre recherche, Martha nous propose un cours d’anatomie. L’ironie de la sagesse se conjugue avec le caustique, voir l’amertume d’une vie que l’on aurait voulu plus éclairée…
C’est une femme dans l’envers du décor. De l’autre côté du miroir… Une traversée où Alice aurait laissé l’enfance sur le chemin de la vie.
"La leçon d’anatomie" de Larry Tremblay c’est tout cela, et plus naturellement. Il est difficile d’écrire et de transmettre la qualité en utilisant le "verbe" comme outil de promotion, je ne suis pas publicitaire. Mais j’aime sentir, à fleur de peau l’élégance d’un texte. J’aime au regard d’une photo percevoir la puissance de la comédienne Micky Sebastian… Et que l’on ne vienne pas me dire que cela n’est qu’affaire de marketing !
La perception du sentiment est là, continuellement présente.
Tout le doigté de Benoît Gautier (le metteur en scène) est d’avoir su puiser de ce monologue, le non dit. Écouter les silences en tissant ainsi, les liens qui unissent Martha au public. En cela, nous l’auront compris, il ne s’agit plus d’un spectacle où le public accepte l’œuvre comme simple performance. Les spectatrices ne peuvent que sentir en elles, certains hommes aussi, ces pistes multiples, cette charpente psychologique qui renforce au fil du spectacle le personnage de Matha. Un lien fort se forme alors entre le public et la comédienne. Une complicité du possible vécu.
Tout au long du spectacle, Martha/Micky Sebastian offre ses confidences à une silhouette plongée dans la demi obscurité (sculptée par la lumière), Pierre son mari. Un homme de cire et cela change tout, naturellement. En êtes-vous bien sûr ? La force du théâtre n’est-il pas d’ouvrir son cœur à des objets, des mannequins et les faire accepter au public comme personnage entier. C’est chose faite. Dûe au talent de Micky Sebastian.
L’autre perception que l’on a, dû à la mise en scène de Benoît Gautier est cette sensation que le metteur en scène invite des personnages cinématographiques. Rien d’appuyé, naturellement…. Tout est en souplesse dans l’esquisse. Mais ils sont là présents, par touche, renforçant l’univers étrange de cette pièce. Celles d’Hitchcock, d’Almodovar… Reflets d’auteurs sur silhouette en costume. Jeux d’élégance et de pouvoir, jeux du double qui conjugue féminité et virilité au même temps. Marlène Dietrich n’est pas loin, ni la silhouette de Catherine Deneuve... Le cinéma s’est invité en catimini. Rien de déstabilisant, au contraire. Quelques lignes de forces pour soutenir le voyage d’une femme en morceaux.
Profitez de votre balade à Avignon pour découvrir ce travail de la Compagnie Bafduska Théâtre. Un cheminement qu’il est bon parfois de prendre pour ne pas gâcher totalement sa vie. C’est la grande qualité de la pièce servie avec force. |