Il fait beau à Paris ce samedi 24 juillet. Pas trop chaud, plein soleil, du monde plein les rues entre la plage artificielle et les soldes de dernières heures. Les gens vont et viennent, s'amusent et regardent vaguement ce qu'il se passe sur la scène installée devant l'Hôtel de Ville alors que les groupes font tranquillement leurs balances pour les concerts du soir, comme si personne n'était là. Ambiance bon enfant avec des airs de kermesse de village géante.
Ambiance de kermesse qui s'accentue encore, l'heure du premier concert approchant lorsque Olivier Bas accompagné d'un "DJ" (en fait un gars qui passe des morceaux à partir de son netbook) décide de faire un petit concours en formant deux équipes constituées de 3 gars pour l'une et de 3 nanas pour l'autre. Le bon vieil antagonisme homme-femme marche toujours. Mais lesquelles sauront découvrir le plus de reprises parmi la playlist...
Et bien les hommes évidemment, les filles c'est trop occupé à écouter de la variété, c'est bien connu ! Bon je déconne mais là, en l'occurrence, les mecs avaient l'air de quand même déjà avoir entendu parler de Nine Inch Nail et de Noir Désir...
Bref, petit divertissement sympathique en attendant l'arrivée sur scène des stéphanois (et lyonnais) d'Arpad Flynn.
Déjà croisé au Printemps de Bourges il y a quelques mois, on ne va pas répéter tout le bien que l'on pense de ce groupe qui manie fort bien la pop énergique et le rock maitrisé, offrant des beaux moments à aller chercher du côté de The Cure, The Fall, voire Editors. Depuis Bourges, le groupe a gagné en naturel et en maîtrise. Le chanteur en fait toujours beaucoup mais tout semble plus spontané, moins chorégraphié.
Les titres sont incisifs, le groupe aussi lorsqu'il se plaint avec humour et provocation de la relative immobilité du public parisien qui, il faut le reconnaitre, a été cueilli à froid par la puissance du son contrastant avec le doux brouhaha du samedi place de l'Hôtel de Ville, en lançant le désormais mythique "Les touristes vous êtes mignonnes, mais les parisiens, vous êtes moins bien en vrai qu'à la TV" (accueilli fraichement par quelques noms d'oiseaux).
Un set puissant et maîtrisé de bout en bout par un groupe aussi déconneur que professionnel (et c'est pas peu dire) qui devrait connaître un succès grandissant et dont l'album Anti Aging Solution assoie encore un peu plus leur légitimité sur la scène rock française, sans avoir à rougir de la comparaison avec quelques pointures d'outre-Manche avec une mention spéciale pour le tout nouveau titre "Tea set kisskiss goodbye", joué pour la première fois en public et de bien belle manière même si on peut lui reprocher trop de similitudes avec les Cure (mais c'est plutôt un compliment).
Petit pause histoire de se rafraichir le gosier mais aussi les tympans avec un duo comique Garnier & Sentou, qui officie habituellement au Trévise mais qui, pour l'occasion, est venu prêcher la bonne parole afin de sensibiliser le public aux problèmes auditifs suite à l'écoute prolongée de la musique à volume élevé. Petite leçon sur le ton de l'humour, un peu trop niaiseux cependant pour être totalement pris au sérieux mais agréable bande annonce pour qui voudrait voir un spectacle comique musical à Paris, cet été.
Le deuxième groupe à venir s'époumoner sur scène devant un public plus enclin à lézarder qu'à pogoter gentiment s'appelle Pamela Hute.
Trio arty power rock tendance électro et minimaliste au look affirmé mené par la belle et quelque peu androgyne Pamela. Concrètement, cela ressemble dans les meilleurs moments à du Foo Fighters minimaliste qui serait mené par une rioooot girl quelque part entre la hargne de Courtney Love et les mélodies plus sucrée de Sonya Madan.
C'est énergique, volontaire et rentre-dedans. C'est élégant à voir sur scène et certainement complètement irrésistible dans un petit club fermé (La Maroquinerie au hasard) mais on finit par se retrouver distrait par ce qu'il (ne) se passe (pas) dans la foule, plutôt que par les prouesses vocales et guitaristiques de Pamela ou le jeu de batterie inventif (malgré une batterie relativement simpliste) de son batteur accompagné des élucubrations de son clavier (également percussionniste quand il faut).
Quoi qu'il en soit, Pamela Hute et son Turtle tales from overseas dont nous vous parlions récemment reste un groupe à suivre.
Pas de mise en garde contre les acouphènes cette fois ci avant le groupe suivant mais un avertissement bienveillant d'Olivier Bas, lui-même. Attention, le groupe suivant vient de Belgique et est capable de mettre la fessée à dEUS et Ghinzu réunis dans leur bac à sable...
Evidemment, plus on attend d'un groupe inconnu, plus on risque la déception. Vismets n'est pas dEUS. Vismets est un peu Ghinzu mais en devenir. Vismets est un groupe qui veut faire beaucoup de bruit pour épater la galerie, comme les paons qui déroulent leur plumage pour épater la jeune volaille effarouchée. Mais la sauce ne prend pas vraiment et le groupe a beau se démener avec panache, leurs chansons sont emmurées derrière un maelstrom sonore qui gâche un peu la fête. Erreur de jeunesse pour ces futurs Klaxons, c'est tout le mal qu'on leur souhaite.
La nuit n'est pas encore tombée que le dernier concert débute déjà. Concert en point d'orgue mais assez détonnant par rapport aux précédents groupes dont l'énergie. En effet, JP Nataf est connu pour être un orfèvre de la pop musique distillant avec élégance et sans précipitation ses mélodies magnifiques et indémodable. Ce soir, JP Nataf invitait tout une série de musiciens de ses amis sur scène pour se faire plaisir et nous faire plaisir.
Démarrage tranquille avec quelques chansons seul avec son groupe du moment (ses "gus" comme il dit) puis arrivent alors une ribambelle d'invités, connus ou moins connus. Qui venu poussé la chansonnette, qui venue jouer guitare ou batterie, tambourin, etc.
On notera parmi les plus marquant la superbe Mina Tindle dont la voix incroyable charmera largement le public, mais également le trop rare Mathieu Boogaerts venu taper les futs mais également chanter deux extraits d'un spectacle qu'il donnait il y a quelques temps à la Java de Belleville dans un drôle d'anglais. Albin de la Simone sera aussi de la partie, sans ses claviers mais avec sa voix douce et crystaline.
Pourtant, si les morceaux sont parfaitement exécutés, le public semble s'ennuyer et les quelques remarques discrètes de JP Nataf sur le manque d'énergie de ses chansons et le peu d'enthousiasme de l'auditoire n'arrange rien. Tout le monde a du mal à entrer dans les mélodies peut-être trop belles et complexes, trop douces et pas assez spectaculaires peut-être pour un public qui voudrait de l'inoubliabl,e là où il y a surtout de l'émotion pure et immédiate.
Pourtant, encore une fois, le set est presque parfait, les chansons remarquables et JP Nataf en chef d'orchestre enthousiaste semble s'amuser comme un gamin avec ses invités, dansant même hors scène quand il laisse la vedette à ses amis d'invités...
Un rendez-vous qui se voulait exceptionnel et qui n'était peut-être que remarquable. Un rendez-vous avec un vieil ami qui n'a le temps que de partager un café avec vous... mais on se jure quand même de s'appeler très vite et de se faire une bonne bouffe bientôt ! Hein JP !
La nuit est tombée sur Paris, le silence revient, le brouhaha de la vie de tous les jours reprend ses droits, les parisiens regardent à nouveaux leurs chaussures en se rendant au métro pour retrouver leurs appartements quand quelques minutes avant tout le monde avait envie de danser ensemble sans vraiment oser le faire, si ce n'est 4 ou 5 personnes que tout le monde prendra pour des illuminés... Le show est terminé, les lumières ne se rallument pas mais le plus important au final, c'était finalement de réussir à rassembler quelques parisiens en mal d'amusement et ça, c'était plutôt réussi. Merci Indétendances, à la semaine prochaine, à coup sûr cette fois ci, le public ne résistera pas longtemps aux assauts rythmiques des Beat Assailant ! |