Comédie dramatique de Daniel Veronese, mise en scène de Sophie Caffarel, avec Isabelle Mangini, Véronique Lechat, Alexandre Lachaux et Aurore Evain.
La "Musique brisée" de Daniel Veronese, auteur argentin, metteur en scène, réalisateur et dramaturge, acteur et mime formé au théâtre d'objets, est composée d'un triptyque de trois opus en forme de solo pour petites névroses ordinaires.
Trois courtes pièces, qui évoquent les "Talking heads" de Alan Bennett, dans lesquels les personnages, subitement, au terme d'un processus identique, comme s'ils étaient sous conditionnement hypnotique sous l'effet d'un élément déclenchant, en l'occurrence un vêtement, et l'intrusion réelle ou supposée d'un tiers dans leur sphère intime, se mettent à tourner à vide en proie à une introspection délirante.
La direction d'acteurs de Sophie Caffarel est au cordeau et les quatre comédiens époustouflants dans ces petits bijoux textuels qui constituent de singulières et désopilantes partitions de choix, parfois inquiétantes et toujours troublantes, aux confins de l'absurde, du fantastique, du loufoque et du pathétique.
Avec le personnage de la dame seule bien sous tous rapports qui ramasse les objets déposés dans la rue à son intention par un voisin-bon génie, Isabelle Mangini circonscrit subtilement, et avec belle maîtrise, les frontières de cette 4ème dimension.
Alexandre Lachaux est irrésistible dans le rôle de l'homme au complet marron, vêtement dont la valeur hautement symbolique ne doit pas être dévoilée pour en laisser la primeur au spectateur, face à l'égarement de son épouse joliment incarnée par Véronique Lechat.
Enfin, en fausse blonde emperruquée aux allures de biche aux abois d'une Rosanna Arquette échappée d'un asrham, Aurore Evain est parfaite en Pénélope à la petite veste verte qui n'en finit pas de ressasser auprès d'une mère morte son amour trahi.
Programmé dans le cadre du Festival Nuits d'été argentines à l'Hôtel Gouthière, un excellent spectacle à ne pas rater. |