Seul en scène écrit et interprété par Gustave Akakpomis en scène par Thierry Blanc.
Woody Allen a dit "La dictature c'est "Ferme ta gueule !", la démocratie c'est "Cause toujours !" ". Gustave Akakpo nous montre que le concept de démocratie sur le continent africain est légèrement différent de ce que les occidentaux entendent par démocratie.
Pour ce faire, il invite certains chefs, passés ou présents, de grandes démocraties africaines à s'exprimer devant le public : Omar Bongo (Gabon), Mobutu Sese Seko (République Démocratique du Congo), Mouammar Kadhafi (Lybie), Abdelaziz Bouteflika (Algérie), Félix Houphouët-Boigny (Côte d'Ivoire), mais aussi Jacques Foccart, Georges Pompidou, Valéry Giscard d'Estaing, François Mitterrand, Jacques Chirac, Charles Pasqua ou encore Nicolas Sarkozy. Ces derniers jouant, ou ayant joué, un grand rôle dans les affaires politiques en Afrique. Omar Bongo, dans les années 80, n'écrit-il pas "Le Gabon sans la France, c’est une voiture sans chauffeur. La France sans le Gabon, c’est une voiture sans carburant". La Françafrique et l'indépendance des pays africains est au coeur du propos de Gustave Akakpo.
Quant à la démocratie en Afrique, c'est Jacques Chirac qui dira "Il faut bien que les dictateurs gagnent parfois les élections, sinon ils n'en organiseront plus". Gustave Akakpo moque ces grands démocrates qui gagnent des élections avec des scores que même Jacques Chirac avec ses 82% à la présidentielle de 2002 n'arrive pas à égaler, les inventeurs de la "démocratie héréditaire" qui s'accrochent à leur fauteuil. Gustave Akakpo explique qu'en Afrique, les coupures d'électricité peuvent durer longtemps, ce qui est normal puisque les infrastructures datent des années 70, comme les dirigeants.
Mais, dans son spectacle, Gustave Akakpo ne se contente pas de rappeler ces citations et ces faits et de les tourner en dérision, il se livre aussi à des imitations, et on s'esclaffe lorsqu'on le découvre en train de se glisser dans la peau de Nicolas Sarkozy ou d'Omar Bongo.
La mise en scène de Thierry Blanc souligne justement certains des propos du comédien, par exemple lorsque celui s'adresse à une chaise vide lorsqu'il évoque Jean-Marie Bockel, ministre en charge de la Coopération en 2008 qui doit accentuer la fin de la Françafrique et est évincé suite aux pressions des présidents du Gabon et du Congo, respectivement Omar Bongo et Denis Sassou-Nguesso.
Ce spectacle rappelle les liens qui existent entre la France et l'Afrique, entre leurs dirigeants, mais aussi entre leurs peuples. A l'image d'un Guy Bedos, il fait rire tout autant qu'il dénonce les injustices.
"Chiche l'Afrique" parvient par son ton ironique et insolent tout autant à amuser le spectateur qu'à l'informer sur la situation en Afrique et les conséquences des mauvaises gouvernances sur les populations locales. Et même, si tous ces personnages importants dont Gustave Akakpo se moque tout au long du spectacle sont à la tête de démocraties, on peut parier que plus d'un sorcier a été chargé de constituer des fétiches afin de marabouter l'impertinent. |