C'est toujours triste de retrouver un disque qui n'a pas trouvé son public. Vous en retrouverez régulièrement, vendus un triste euro, à peine le prix d'une chanson à l'unité sur une grande plateforme de téléchargement légal, sur les étals gris des vendeurs-profiteurs spécialisés dans la fin de série plus encore que l'occasion. Mais n'est-il pas plus triste, encore, d'assister à la naissance d'un tel disque ? Une de ces galettes qui ne l'aura peut-être pas mérité, mais que l'on saura condamnée au moment même où on l'aura enfournée dans le lecteur. Triste, à en pleurer, comme un enfant artistique mort-né, une histoire possible qui retourne au néant avant même de s'en être vraiment arraché.
Voilà clairement le sort de Buildings, premier (et dernier ?) album du groupe General Fiasco, auquel on épargnera charitablement les commentaires sur l'appellation prophétique. Sorti dans une indifférence à peu près générale en mai dernier, le disque mérite peut-être d'ailleurs son sort, tant on peine à trouver qu'en dire de positif. C'est léché, produit, propre sur lui, assez en tout cas pour laisser penser que cela a été écrit, mûri, pensé... Mais jamais le trio nord-irlandais ne parviendra à s'arracher à ses encombrantes influences power-pop, rock-variétisantes. Comme si Bryan Adams remplaçait Molko à la tête de Placebo pour un nouvel album come-back anti-événementiel ; comme une cover de "One love" par les Charlatans pour un gala humanitaire quelconque. C'est dire. Une pop-rock fonctionnaire, au mieux.
Inutile de tirer sur l'ambulance. |