La Galerie d'Art moderne et contemporain de Turin a récemment réouvert après une rénovation de ses espaces muséaux et un nouvel accrochage dynamique.

Celui-ci s'effectue selon un parcours chrono-thématique sur deux étages, consacrés respectivement au 19ème et au 20ème siècle, qui n'a rien de classique et qui s'organise dans de grands espaces agréables et ce sans scénographie redondante.

En effet, dans le cadre d'une politique de mise en valeur de ses collections permanentes qui comportent un nombre important d'environ 45 000 oeuvres, le musée a opté pour une rotation quadriennale des oeuvres qui seront présentées appariées selon des thématiques différentes à raison de quatre par accrochage.

Ce qui, aboutissant, en fait, à présenter quatre expositions, s'avère particulièrement réussi par la combinaison judicieuse du didactisme et de la mise en résonance des œuvres non seulement d'artistes italiens, qui bien évidemment constituent un thésaurus privilégié, mais également étrangers et non des moindres.

Infanzia

Antonio Schizzerotto, professeur de sociologie à l'Université de Trente en collaboration avec Carlo Sisi, historien d'art, qui fut conservateur à la Galerie d'Art moderne de Florence, ont choisi le thème de l'enfance pour en apprécier l'importance après les 17ème et 18ème siècle qui furent ceux de la jeunesse triomphante.

Une thématique à entendre dans son acception large qui va de la représentation de l'enfant dans tous ses âges, de la naissance à la fin de l'adolescence, la symbolique de l'enfance comme figure des origines, symbole du renouveau et l'enfant comme symbole de la pureté et de l'innocence.

A voir donc, entre autres, une intéressante sélection de la sculpture du novocento italien avec Umberto Mastroianni, Felice Casorati, Francesco Menzio et une "Maternité" de Arturo Martini ainsi que des peintures d'Asger Jorn du groupe Cobra qui prônait la spontanéité de l'art.

Specularita

Le duo Pietro Montani, qui enseigne l'esthétique à l'Université de Rome, et Ester Coen, maître de conférences sur l'histoire de l'art contemporain à l'Université de L'Aquila, propose une approche multidirectionnelle puisque la thématique retenue thématique repose sur l'imaginaire, la projection de l'idée dans l'oeuvre et le dialogue subliminal qui s'instaure avec le regardant, et principalement à travers les oeuvres d'artistes italiens.

L'exposition commence avec la figuration lyrique et l'emblématique sirène de Giulio Sartorio peinte en 1893.

Suivront les oeuvres, entre autres de Mimmo Jodice, Amedeo Modigliani, De Chirico, Felice Casorati, Giulio Paolini, Luigi Ontani et Francesco Clemente.

Ci-contre, réunis Antony Gormley, Susy Gomez et Mimmo Paladino.

Veduta

Giorgio Ficara, professeur de littérature à l'Université de Turin, en collaboration avec Michele Dantini, critique d'art, se sont penchés sur la représentation du monde à travers la vision du réel et notamment la nature et la peinture du paysage, genre pictural qui élevait la nature au rang de sujet.

Cette thématique permet un voyage captivant des paysages romantiques à l'Arte povera, l"Igloo con albero" de Mario Merz voisinant avec l'"Alberti di 5 metri" de Giuseppe Penone, en passant par le symbolisme, le futurisme et le surréalisme.

Elle s'articule autour de l'oeuvre de Antonio Fontanesi, figure centrale de la peinture italienne du 19ème siècle, qui fait l'objet d'un focus particulier, "Déclinaison sur le thème du paysage", conçu par Rosanna Maggio Serra, conservatrice et directrice du GAM.

Au demeurant les sections Genere et Specularita comportent également des mises en résonance avec l'oeuvre de Fontanesi.

Genere

Pour explorer le devenir du genre en tant que catégorie artistique, tel qu'il était entendu de manière très hiérarchisé de surcroît académique notamment pour l'art majeur qu'était la peinture, Roberto Grandi, professeur de sociologie à l'Université de Bologne en collaboration avec Maria-Teresa Roberto, historienne d'art et professeur à l'Académie Albertina des beaux arts de Turin, propose un itinéraire plus réflexif que chronologique.

Les bustes de Canova et de ses disciples cèdent vite le pas devant les avant-gardes, du dadaisme à l'Arte povera : Giacomo Balla, Jean Arp, Giorgio Morandi, Andy Warhol, Janis Kounellis, Lucio Fontana, Alberto Burri et Antoni Tapiès sont au rendez-vous pour une épopée artistique en transversal.

Enfin, il faut souligner que le GAM a ouvert son sous-sol aux expositions temporaires de l'art du 21ème siècle avec le GAM Undeground project dédié aux jeunes artistes émergents de la scène artistique internationale.