C’est au Printemps de Bourges que nous avons retrouvez les trois membres du groupe Revolver en interview groupée.
Vous jouez beaucoup en ce moment. Ce soir au Printemps de Bourges, est-ce une date particulière ?
Il y a deux choses qui sont particulières, nous jouons déjà dans l’Auditorium, c’est une salle spéciale à Bourges, car c’est un auditorium, c’est donc assis, c’est peut-être froid. Ce n’est pas la même atmosphère qu’une scène en extérieur ou bien comme le Phénix ici à Bourges, une très grande salle. On aborde donc ce concert un peu différemment. Et puis il y a le côté Printemps de Bourges aussi qui est un peu plus intimidant qu’une autre date. Mais bon comme on est en pleine tournée, on est dans un rythme de faire beaucoup de dates à la suite. On commence donc à être rodés.
Cela fait maintenant deux ans que l’on connait Revolver. Est-ce que vous avez déjà eu la possibilité de venir au Printemps de Bourges ?
Non, c’est la première fois en fait qu’on nous le propose. Comme l’album est sorti en juin 2009, c’était un peu tôt pour venir l'année dernière, donc là c’est la première fois que l’on a la chance de pouvoir jouer ici.
Justement, on vous a connus grâce à un maxi EP antérieur à cet album. Pourquoi n’avoir pas fait plus de festivals avec ce maxi ?
Il était très acoustique, c’était vraiment un EP intimiste, sans batterie, très, très doux comme musique. C’était un premier coup d’essai en studio enregistré avec un ami guitariste. Ce n’était pas vraiment censé sortir, plutôt une maquette évoluée. Une première expérience, voir comment se passait un enregistrement. Du coup, il y a pas mal de morceaux que l’on a réenregistrés après pour l’album. C’est plutôt bien que l’on n’ait pas fait de festival avec ce maxi je crois, cela aurait été un peu compliqué.
Vous avez une formation classique à la base ?
Pas moi, les deux autres membres du groupe oui. C’est surtout Jeremy qui a fait beaucoup de violoncelle, c’est vrai que c’est particulier d’arriver pour lui dans un festival. Il n’avait jamais fait de festival, même en tant que spectateur.
Est-ce que vous avez déjà des idées pour le prochain album ? Avec ce succès rencontré pour cet album et cette tournée, est-ce que tout ce que vous vivez en ce moment change un peu vos perspectives ?
Ce qui change beaucoup les perspectives, ce sont les concerts en fait. Le succès, c’est un truc qui n’est pas tellement censé influencer la musique surtout que nous ne le mesurons pas très bien car depuis septembre, nous ne sommes vraiment que sur la route. Ce qu’on remarque juste, c’est que les salles sont de plus en plus grandes et de plus en plus remplies. Pour le prochain album, on a déjà pas mal de nouveaux morceaux. Nous les jouons déjà sur scène, on en a quatre que nous jouons régulièrement en concert. Nous continuons toujours de composer. On aimerait bien enchainer sur le deuxième disque le plus vite possible. Après, cela va dépendre de beaucoup de choses, si nous partons à l’étranger, si nous continuons à tourner à la rentrée, cela va dépendre de tout cela.
Il y a des morceaux que l’on a envie de tester sur scène que l’on compose plus rapidement et d’autres qui s’y prêtent moins. Pour enregistrer, pour composer, il faut donc avoir le temps, être un peu posé chez soi. On ne compose pas la même chose dans un bus que chez soi.
Comment fonctionnez-vous pour la création de morceaux ? Vous travaillez chacun dans votre coin ou en groupe ?
Il y a plusieurs cas de figures, c’est souvent Christophe et moi (Ambroise) qui présentons une idée que l’on a amenée chacun de notre côté. Après, il y a aussi des morceaux que l’on a composés tous les trois ensemble, en improvisant. Pour d’autres morceaux, c’est plus davantage nous deux. Sur l’album, ce sont vraiment ces trois cas de figures. Ce qui nous intéresse le plus, c’est de composer tous les trois parce que c’est vraiment là qu’il y a quelque chose de spécial qui se passe. Mais de toute façon, en général quand on apporte une idée, nous laissons la place aux autres, on arrange tout ensemble.
Revolver, c’est un hommage direct aux Beatles ?
Oui, c’est l’affiche d’un poster qu’Ambroise avait dans sa chambre des sessions d’enregistrement de l’album Revolver, avec Lenon avec un casque sur les oreilles. Ce n’est pas l’hommage absolu, ce n’est pas comme si on s’était appelés Sgt Pepper ou Rubber Soul. Revolver, c’est aussi un mot qui existe indépendamment de l’album de Beatles, c’était le mot qui nous plaisait. On cherchait un nom simple, en un seul mot. Ce qui nous plaisait aussi, c’était le contraste entre la dureté de ce mot et la douceur de notre musique. On aimait bien l’idée que les gens s’attendent à un groupe de heavy metal et que l’on arrive avec notre "pop de chambre", c’est plutôt bien de s’appeler Revolver pour cela ! Nous n’avons pas cherché à développer toutes les faces que pourrait dévoiler ce nom, cela a été une décision spontanée. On trouvait que le mot était bien, nous avons été surpris qu’il ne soit pas déjà utilisé, en plus cela fonctionne dans toutes les langues.
Une tournée à l’étranger justement ?
Oui, une petite tournée en Angleterre en mai, on va jouer aussi dans des festivals à priori aux Etats-Unis. On repart à zéro dans ces pays là, c’est motivant, on a vraiment envie d’aller jouer ailleurs. On a déjà joué en Allemagne, au Danemark, il y a déjà plus de temps, en Suisse, en Belgique… Mais maintenant les pays anglophones, cela nous dit bien. L’Angleterre sera pour nous le baptême du feu.
Vous avez un batteur maintenant ?
Il nous a rejoints sur l’album en fait, c’est le réalisateur qui nous a présenté. C’était la première fois que l’on jouait avec un batteur. Depuis septembre, on tourne avec batterie, mais c’est vrai que dans la composition même des morceaux, c’est vraiment nous trois. On les arrange maintenant de plus en plus rapidement avec les batteries. Le batteur fait partie du groupe en tournée mais pour ce qui est du travail, en dehors de tout cela, c’est vraiment nous trois.
Des projets pour la rentrée ?
C’est encore un peu mystérieux pour nous la rentrée, cela dépend de pas mal de choses. C’est en train de se décider, on n’est pas maître de notre rentrée, là. Cela va vraiment dépendre des dates à l’étranger notamment. On est aussi un peu dépendant des radios, si on a une chanson qui marche bien en radio, on nous propose des concerts alors que si du jour au lendemain, il se trouve qu’on ne passe plus du tout, on aura beaucoup plus de temps pour bosser sur le deuxième disque. Mine de rien on suit notre actualité, après on ne va pas non plus tourner indéfiniment sur notre premier album, il y a un moment où les choses vont se faire naturellement. On sait qu’on avance vers cet album, mais sans avoir de dates précises.
Qu’est-ce qui vous attire à l’étranger ?
Le dépaysement, le fait que l’on va jouer dans leur langue, c’est un défi quand même. Je pense que les anglophones reçoivent vraiment nos chansons très différemment. En France, pour le coup, les gens s’attachent à quelques mots sans forcément porter attention au texte entier. Ce n’est pas en termes de culture car le texte est moins important qu’en France, dans la musique française. Mais quand même, quand ils reçoivent une chanson qui est chantée en anglais, les anglophones perçoivent plus de choses et font forcément plus attention au texte que les français. Donc cela va être à mon avis assez différent. Puis l’idée de jouer à Londres, à New-York ce n’est pas déplaisant !
Votre maison de disque ne vous a pas imposé de chanter en français ?
On nous a jamais forcé à chanter en français, je sais qu’il y a encore quelques années les maisons de disques n’étaient pas du tout d’accord pour que des groupes français chantent en anglais. On a eu la chance que la tendance changeait, on nous a jamais dit : "bon les gars, c’est bien la chanson mais maintenant va falloir traduire vos morceaux parce que cela ne marchera jamais en France". Depuis quelques années, il y a pas mal de groupes français qui commencent à très bien marcher en chantant en anglais. Je pense à The Do, Cocoon, etc. Des groupes qui ont un peu popularisé ce phénomène de "groupes français qui chantent en anglais". Nous faisions déjà nos chansons en anglais avant que ces gens percent, mais ce n’est pas une question de savoir qui a été le premier, en tout cas cela nous a permis le faire. Aussi, on ne chante pas en anglais parce qu’on dit que cela va marcher, que c’est à la mode. C’est vraiment parce qu’on écrit les chansons que l’on a envie d’écrire.
Vous avez toujours plaisir à jouer vos morceaux de ce premier album. Est-ce qu’il a des titres plus lourds à porter que d’autres ?
Pas vraiment, les chansons ont vraiment beaucoup évolué par rapport au disque. C’est vraiment "work in progress" : tous les soirs, on se pose de nouvelles questions sur de nouvelles façons de le faire. On s’attache aussi à la cohérence et la construction d’un spectacle en réarrangeant certaines chansons pour qu’elles soient mieux adaptées à un certain moment.
En fait les morceaux dont on se lasse sont des chansons qui sont un peu faibles dans le set, du coup on se demande pourquoi elles ne vont pas à ce moment là, donc on les repense. C’est vraiment une marche continue. Sur de nouveaux morceaux, on se rend compte que cela correspond davantage à ce qu’on a envie de faire en ce moment, mais on n’est pas encore trop lassé, ça va. A partir du moment où l’on revisite toujours ces morceaux, qu’il y a un vrai travail et un plaisir d’interprète, je ne sais pas si on sera lassé un jour.
Les bonnes chansons sont toujours celles qui gardent une certaine fraicheur, quelque chose que l’on pourrait réécouter des centaines de fois sans jamais vraiment se lasser, étant toujours content de les écouter. Puis en groupe il y a aussi un truc : j’ai l’impression que l’on se lasse moins facilement par rapport à un type qui pourrait jouer seul, guitare-voix avec des textes très intimes, s’il doit faire une tournée tout seul, cela doit être très pesant. Le public y est pour beaucoup aussi. La réussite d’un concert dépend à 80% du public. Quand on est beaucoup plus expérimenté, je pense que c’est une variable qui est vraiment infime : on fait et sait faire le show. Mais nous, nous sommes assez réceptifs à ce qui peut se passer, nous jouons dans des salles qui ne sont pas encore vraiment énormes, ce sont souvent des clubs, même si aujourd’hui par exemple il y a 450 places, cela reste assez intime en fait, nous voyons encore les gens. Du coup nous sommes très dépendants de cela, de ce que le public renvoie. Le but est de leur retourner ce qu’il faut, mais ce n’est pas toujours évident ! |