Sous le nom de scène raccourci de Poirier, le DJ montréalais Ghislain Poirier propose son septième album, Running High sur le prestigieux label Ninja Tune. L'album est un double, qui compile sur son premier disque les trois Eps précédents de Poirier (Soca soundsystem, Run the Riddim et Low ceiling) ; et propose sur le deuxième près d'une quinzaine de remixes et auto remixes.
Quid alors de l'authentique album ? Ne nous ferait-on pas le coup du réchauffé ? On s'en défend du côté de la production : ainsi réorganisés, les titres des trois EPs devraient donner à entendre une nouvelle cohérence, révélant une nouvelle dimension du travail de l'artiste. Dont acte. Mais je ne peux m'empêcher de penser que ceux qui possèdent déjà les Eps en question parviendront bien à les écouter dans l'ordre préconisé par l'album...
Ce qu'on peut dire, c'est qu'on en prend assez vite plein la tête. On sent le poids des basses, le martèlement de cadences souvent binaires – ce qui veut aussi dire : effrénées. On appréciera aussi les très nombreuses apparitions de vocalistes (dans le milieu, on dirait : "les featurings de MCs") : Face-T, MC Zulu, Mr Slaughter, Burro Branton et YT prêtent ainsi leur flow à plus de la moitié des pistes du premier disque et apportent ainsi une heureuse respiration au milieu des pistes instrumentales plus directes.
Les couleurs de la musique de Poirier sont clairement à chercher du côté des Caraïbes, mais sans perdre de vue la claire modernité techno / hip hop de l'approche, qui donne à l'ensemble plus qu'une nuance dancefloor. De quoi vous rappeler que la soca ne se limite pas à un certain tube télévisuel malheureux de la fin des années 90...
Un album à danser sur une plage, dans une foule saoule de rhums arrangés – jusqu'à l'épuisement. |