Après des années d'une interminable attente mais une petite semaine seulement après l'avoir commandé sur le site official du groupe, le Black Album des Dandy Warhols arrive enfin dans la boîte aux lettres.
Surprise et déception à la découverte de l'objet : la tracklist diffère passablement de celle des enregistrements ayant circulés jusqu'alors, certains titres manquent même à l'appel et le son est à peine meilleur que les bootlegs ... Qu'importe, le groupe s'est enfin décidé à publier ces démos et c'est là l'essentiel.
En 1995, les Dandy Warhols sortent chez Tim Kerr un premier effort Dandy Rules OK, couronné d'un vague succès, tout en dilapidant en substances illicites l'avance faite par Capitol, leur nouvelle maison de disque. C'est dans cet esprit que débutent, quelques mois plus tard, les séances du deuxième album.
Une première série de maquettes est présentée à Capitol qui remet en cause le projet, renvoyant le groupe au travail. Une partie des titres passent à la trappe en vue d'une deuxième mouture de l'album, avalisée celle-ci, aboutissant à Come Down en 1997. Connu dès lors comme le Black Album, la première série de démos présentée restera donc près de huit ans dans les cartons avant que le quatuor de Portland, sous la pression de plus en plus forte des fans, ne se décide à les commercialiser.
Parmi ces onze titres figurent des versions préhistoriques de titres devenus depuis des classiques : "Not If You Were The Last Junkie On Earth", "Good Morning", "Boys Better", les futures faces-b "Head" et "The Wreck Of The Edmund Fitzgerald" (Gordon Lightfoot) ou encore la fortement éprouvée sur scène "White Gold", crades au possible mais possédant déjà la touche géniale.
Au rang des curiosités, il convient tout d'abord de noter la présence de cuivres (l'innovation principale du son Dandy sur Thirteen Tales) sur "Minnesoter" ainsi que des cinq titres inédits. "Arpeggio Adaggio" et "CCR" (Crack Cocaine Rager), placés en ouverture, reprennent des thèmes chers au groupe tandis que "Shiny Leather Boots" et "Earth To The Dandy Warhols" voient le quatuor de Portland renouer avec les expérimentations pour un résultat souvent intéressant mais avec un fort goût d'inabouti.
Histoire de fêter dignement l'événement, un florilège de faces-B accompagne cette première édition du Black Album. Contrairement aux apparences, aucun titre inédit n'y figure malheureusement, si ce n'est le mix de sous-sol de "Not If You Were The Last Junkie On Earth" par Tony Lash proposé au téléchargement voici quelques années. Ne boudons en tout cas pas notre plaisir de voir enfin compilés "Head" et "One" pour la période Come Down ou encore "Dub Song" et surtout (avec de nouveaux titres) "Thanks For The Show" ainsi que "One Saved Message" pour celle de Thirteen Tales.
Séance de rattrapage également pour ceux passés à côté lors de sa parution avec le simple de "Bohemian Like You", "Lance" (et son alter ego "Retarded") figurent sur la tracklist. Un livre sera un jour écrit sur ce morceau, probablement le plus parfait du groupe : carré par excellence, mélodie à tomber, arrangements léchés, paroles fantastiques ("you can trust your friends, you can fuck your friends ... I don't") ...
Côté reprises, des versions sans intérêt de "Call You" (Blondie) ou "Relax" (Franky Goes To Holywood) au lo-fi génial de "Jean Genie" (claquante mais amputée du dernier couplet), "Stars" (à pleurer, l'occasion de découvrir Brian Jonestown Massacre, le groupe frère), "Free For All" (ou comment entendre Zia s'approprier le vieux tube de Ted Nuggent), chacun y trouvera son compte.
Cependant, les deux plus franches réussites demeurent incontestablement "Hell's Bells" (AC/DC) et "Ohio" (Crosby Still Nash & Young) toujours dans cette version rough mix promo de Thirteen Tales From Urban Bohemia, impressionnantes tant le quatuor de Portand semble se les être appropriées.
Investissement obligatoire pour tout fan des Dandy ou occasion idéale de découvrir une autre facette du plus excitant des groupes néo-psychédéliques des 90's.