Comédie de Eugène Labiche, mise en scène de Bernard Lefebvre, avec Hervé Colombel, Djahiz Gil, Hélène Robin et Bernard Lefebvre.
Avec "Un garçon de chez Véry", Eugène Labiche fait un énième gros plan sur la petite bourgeoisie de son époque, dont il épingle la vanité, l'égoisme, la mesquinerie et la bêtise, en télescopant le thème phare du vaudeville avec la thématique du renversement de rôle entre maîtres et valets.
Tout commence donc avec le trio classique, le mari, Anatole, un brin cacochyme à qui Bernard Lefebvre taille un beau costume , la femme, Hélène Robin très juste dans l'archétype de la bourgeoise qui aime badiner pour se donner des émotions tout en imposant le carême à ses messieurs, et l'amant, le cousin Alexandre officier de spahis (ah le prestige de l'uniforme !) qui joue le coucou à domicile, dont Hervé Colombel donne une irrésistible version de militaire d'opérette.
Tout cela tournerait bien rond si n'arrivait un trublion, le nouveau domestique, ancien garçon de chez Véry, un de ces restaurants à cabinets particuliers propices à la bagatelle, qui y a été amené à servir tant le mari, qui n'est pourtant pas un cavaleur, que l'achat de gilets de flanelle a entraîné à une inattendue partie fine et l'épouse invitée par le spahi qui a tenté d'y concrétiser leur idylle.
Or, celui-ci, même si, en définitive, n'est pas pour rien au happy end pour la paix des ménages, uniquement préoccupé par la recherche d'une place confortable où on ne réprime pas trop la casse de vaisselle et d'un père naturel qui répond au prénom... d'Anatole, est peu observateur des piètres fredaines des clients, ce qui fait que notre trio se prend à son propre piège.
Bernard Lefebvre, qui signe la mise en scène, a conservé la structure originale de cette "comédie en un acte mêlée de couplets" en confiant fort judicieusement la contextualisation musicale au comédien Djahiz Gil qui s'avère également fort bon pianiste, compositeur et chanteur.
Sur des rythmes variés, du tango à la balade hawaienne en passant par le piano-bar, ses compositions musicales constituent d'amusants intermèdes pour cette drôle de comédie dans laquelle il joue à merveille le rôle titre. |