Comédie dramatique de Isabelle Janier, mise en scène de Franck Duarte, avec Marie Mirabel, et Julien-Benoit Birman.
Franck Duarte met en scène un texte autobiographique de Isabelle Janier avec une scénographie sobre, quelques éléments de décor, un habillage musical et une vidéo plan fixe de plage déserte qui, en l'espèce, ne revêtent pas un caractère redondant ou parasite mais qui accompagnent la petite musique d'une écriture intime aux accents parfois durassiens.
Un exercice difficile car ce "Grain de sable", grain de sable qui enraille la machine, en l'occurrence la maladie qui obère l'avenir d'une jeune femme, mais également la métaphore de tous ces moments uniques qui constitueront une vie qui n'est jamais, et heureusement sans doute, un long fleuve tranquille et banalisé, s'avère un texte plus littéraire que dramaturgique, même s'il a été écrit, et avec un grand talent, pour le théâtre par une comédienne.
Difficile également parce que conçu comme un monologue, même si un fantomatique et énigmatique homme, générique et muet (Julien-Benoît Birman), hante le plateau comme l'esprit de la narratrice, une femme toujours oscillante entre le doute et le dépassement, entre la tentation de s'abandonner à la mort et la volonté de vivre, entre la réalité prosaique des inexorables dégâts d'une maladie neurologique dégénérative et sa sublimation.
Difficile encore par sa tonalité, récit qui donne non pas une leçon de vie mais agit comme un révélateur de la vie entendue comme une joie au sens métaphysique du terme.
Et un exercice réussi car porté par une jeune comédienne, Marie Mirabel, une belle découverte, qui dispose des moyens tant techniques que sensibles pour dispenser cette parole, cette voix, sans verser ni dans le lyrisme ni dans le pathétique, et donner chair à ce qui est davantage qu'un simple personnage. Un beau travail donc, éloigné de tout esprit de performance. |