Depuis la tornade Dany B, être ch’ti est passé du moche-gros-morose-il-pleut-tout-le-temps-là-bas au super branché-trop-cool-biloute. Il a fallu un blockbuster pour dire aux français que les nordistes sont de joyeux drilles fous furieux de fête, Marcel et son orchestre auraient largement pu faire l’affaire avec Bon chic… Bon genre !
Onzième opus du groupe dont les origines se perdent dans les années 90 (quand les cassettes faisaient auto-reverse, trop génial), Bon chic… Bon genre ! est a priori une galette de ska-punk. Mais pour de vrai, c’est tout et pas n’importe quoi.
Et pourtant, ce n’était pas gagné, la pochette est une immonde représentation d’un sosie de Marge Simpson clope au bec, qui aurait gobé Cyrano, piqué les fringues de Shakira et les lunettes de Nana Mouskouri… Sans oublier les poils, le sexe, le bas filé, et la bouteille de Champagne vomissant une mousse blanchâtre (suspecte)… Autrement dit le comble du mauvais goût pour un esprit susceptible au premier degré (Moi ? Pfff ! N’importe quoi, je ne suis pas susceptible d’abord !).
A l’aise dans tous les styles, les sept comparses se baladent dans toutes les thématiques. Leur péninsule de talents, que dis-je ? Leur île ! Que dis-je ? Leur pays ! Que dis-je ? Leur monde ! Que dis-je ? Leur univers de talents s’étend de là, jusque là, en passant par là.
Dans le désordre : ya du disco dans "La baignoire de Cloclo", du Mars Attack dans "Marcel Attack", du problème de société dans "Nous n’avons plus les moyens", de la philosophie dans "Pigeons / vaches" (parce que quand on voit ce que les pigeons font aux statues, il faut remercier Dieu de ne pas avoir donné d’ailes aux vaches).
Oui mais encore, ya des enfants qui grandissent dans "Elle veut plus m’donner la main" (ça fait con devant les copains), ya de l’énervement dans "Restons calmes !", ya des relations particulières avec des membres d’autres galaxies dans "Raconte la suite", il y a du Joe Dassin dans "Au marché" (de Dunkerque bien sûr !), y tout y tout. Et ce n’est pas fini…
Dix-huit titres, presque une heure de "danse, déconne, dénonce", jamais de mauvais goût ni de vulgarité, un concentré de bonne humeur à découvrir "pour atteindre le firmament du sommet de la joie". Et surtout, surtout, ne pas se fier aux apparences, ce n’est pas parce qu’on est sapé comme un clochard qu’on n’est pas digne… Et vice-versa. |