Avant de partir pour ce deuxième jour, j'ai pris quelques précautions. J'ai pris un sac plus grand que j'ai rempli de barres de céréales et de boissons énergétiques. Je n'ai plus envie de me sentir mal comme la veille ! Aujourd'hui, j'ai décidé d'en profiter, de prendre un peu plus mon temps et de me promener dans le festival, quitte à rater des concerts.
Ce deuxième jour commence avec les Chew Lips. Ce trio londonien joue une pop electro très dansante. Comme pour Minus The Bear, ils se tapent la pluie dès qu'ils arrivent sur scène. Ce n'est déjà pas facile de faire l'ouverture d'une journée de festival mais si, en plus, on le fait sous la pluie, c'est vraiment pas de chance. Il y a, malgré la météo, quand même pas mal de courageux devant la scène mais personne ne danse ou ne bouge trop. Dommage car c'est vraiment pas mal. Cela aurait été excellent en ouverture des Ting Tings. Ils auraient chauffé le public à merveille avec leur pop synthétique qui donne envie de remuer du cul (sauf quand il pleut trop du coup…).
Je suis ensuite allé faire un tour du côté de K'NAAN. Je ne m'attendais à rien de la part de ce chanteur Somalo-Canadien (je ne connaissais que son titre en duo avec Féfé pour la coupe du monde de foot, titre qui m'avait laissé un arrière-goût d'indifférence totale). Mais finalement, je fus relativement surpris. Déjà, il y avait un groupe derrière lui et ils étaient assez bons. C'était un mélange de rock, de hip-hop avec des influences reggae/ragga. Cela bougeait bien et le soleil est revenu pointer le bout de ses rayons sur le festival. Du coup, les gens ont commencé à se rapprocher et à bien rentrer dans la musique de K'NAAN. Le public tout devant était vraiment à fond et battait des mains en rythme. C'est presque à regret que je suis parti pour aller voir Viva and the Diva sur la scène de l'industrie.
Il y a un côté tribal/hypnotique dans la musique de Viva and the Diva. Les rythmes et les basses sont ultra répétitifs (mais pas d'une manière chiante). La voix de la chanteuse se fait plaintive puis énergique, elle est l'élément qui nous maintient pour ne pas tomber en transe. Parfois, les titres se font plus pop. On se rapproche d'un son à la Sonic Youth mais avec une voix plus sucrée que celle de Kim Gordon, et avec de bons gros rythmes et gros riffs en toile de fond. On se prend un mur de guitares, lentes et lourdes, que rien ne peut arrêter. On a l'impression d'écouter la B.O. d'un film de David Lynch ou d'un film relatant la vie un serial killer qui s'apprête à tuer une de ses victimes. C'est très cinématographique. Il y a des montées en puissance lentes et progressives. C'est peut-être moins indus en live que ce que j'avais écouté sur leur Myspace, mais j'ai vraiment bien aimé. À surveiller de près.
Je fais une croix sur Plan B et son nouveau style funk/soul. De toute manière, on l'entend partout à la TV et à la radio en ce moment. Je préfère aller à la conférence de presse de Jello Biafra. Mais en me rendant à cette conférence de presse, je repasse devant la grande scène et j'entends le dernier titre du set de K'NAAN. C'est horripilant ! C'est une soupe pop mielleuse chamallow ultra commerciale…
J'aurais préféré ne pas entendre cela ! Il vient de perdre avec moi les points qu'il venait tout juste de gagner ! Pourquoi faire ce genre de musique ? Pourquoi faire ce genre de musique dans un festival rock ? Pourquoi faire ce genre de morceau quand on vient de faire un set plutôt rock et bien foutu ?
Jello Biafra a parlé très longtemps pendant cette conférence de presse, tellement longtemps que je n'ai pas pu tout enregistrer faute de batterie. Il faut que je dérushe tout cela rapidement.
J'ai donc raté Stereophonics que j'avais envie de voir malgré le trop grand nombre de groupes Brit-Pop sur ce festival.
J'ai tout juste le temps d'arriver (j'ai marché vite) un peu avant la fin du set des Quadricolor. Ce que j'en ai vu était très énergique et très dansant. Ils ont la patate et c'est vraiment cool. C'est une vraie alternative aux Bébés Rockeurs. La scène de l'industrie est pleine et le public est très réactif.
J'enchaîne directement avec Two Door Cinema Club (c'est un peu la fête des noms de groupes de ouf, Quadricolor remportant la palme !). Ils font une pop-rock frénétique et sympathique dans la lignée d'un Bloc Party.
Malheureusement pour eux, comme pour beaucoup de groupes qui jouent sur la scène de la Cascade, le stand X-Box est juste à côté et ils sont ultra relous avec leurs jeux de danse et Guitar Hero qu'ils mettent à fond (sans parler de leur animatrice) !
Cela parasite à mort le concert, surtout quand il y a des arrangements un peu subtils (s'il te plaît, monsieur l'organisateur de Rock en Seine, l'année prochaine, est-ce que tu peux mettre les stands trop bruyants loin des scènes ou alors les forcer à avoir un espace insonorisé ?).
Malgré tout, le public est présent. Il doit bien y avoir 10.000 personnes (selon mes estimations, 1 million selon les attachés de presse et 400 selon la préfecture de police). Une grosse proportion du public danse, l'ambiance est là mais c'est un petit peu mou pour moi. Je décide de regarder le concert de loin et d'en profiter pour parler avec des gens et savoir ce qu'ils ont pensé de ce qu'ils ont vu pour le moment.
Je décide de ne pas aller voir Paolo Nutini, uniquement parce que sa maison de disque en a trop fait avec lui et j'ai saturé à force d'entendre son nom prononcé dans des pubs à la TV (apparemment je ne suis pas le seul dans le public à penser cela et je ne suis pas le seul non plus à le surnommer Paolo Nutella).
Je file donc voir Martina Topley Bird qui remplace le groupe Où est le swimming pool dont le chanteur s'est suicidé quelques jours auparavant.
Martina est ultra charismatique et elle a une superbe voix. Elle chante dans une belle robe de soirée rouge et est accompagnée d'un seul musicien qui joue de la batterie, de la guitare et divers instruments, le tout habillé en ninja !
C'est peut-être une des plus magnifiques voix du festival, cela manque un peu de pep's et c'est un peu trop world pour moi, mais j'ai tout de même fortement apprécié.
Je pense que j'aurais préféré découvrir cette chanteuse dans une salle plus intimiste que dans un grand festival.
Je commence à ressentir un peu de fatigue, je me mets dans un coin et fais une pause ravitaillement assez loin de Jonsi qui a réalisé un set semi-acoustique puisque ses instruments étaient bloqués à la douane portugaise (peut-être des douaniers fans de Sigur Ròs).
La foule trépigne et moi avec… On attend tous avec impatience la venue de Queens of the Stone Age. Josh Homme arrive sur scène de manière totalement nonchalante avec une clope au bec. Le public est en effervescence et connaît par cœur tous les titres. À la batterie, Joey Castillo nous montre son savoir et sa puissance de grosse brute, peut-être pas aussi fou que Dave Grohl mais ultra énergique.
Dean Fertita, au clavier, est comme à son habitude un vrai régal. Il est toujours très bon et assure une homogénéité.
Il n'est pas assez mis en valeur par rapport à son talent (que ce soit dans Queens of the Stone Age ou dans les Dead Weather), on devrait entendre parler de lui dans les années à venir.
Josh Homme avec sa voix lancinante et ses petits rifts de guitare répétitifs mettent tout le monde d’accord. Le concert s’achève sur des classiques : "Go With The Flow", "No One Knows" et "A Song For The Dead" (qu'ils ont bien fait durer et ont bien joué avec des breaks de fou encore pires que sur l'album). Ce n'était pas le meilleur concert des Queens of the Stone Age auquel j'ai assisté mais cela reste très bon, bien au-dessus de la moyenne et toujours très frustrant car on aurait voulu au moins le double de titres.
J'ai raté Naive New Beaters parce que je ne voulais pas rater la bande du roi des roux mais je rate aussi LCD Soundsystem car j'ai perdu mon pass en allant faire pipi dans l'espace presse (il n'y a pas de queue de ouf pour les toilettes aux VIP).
Je suis un peu paniqué et dégoûté en me disant que je vais rater les concerts du dimanche, quand un gentil monsieur de SFR Jeunes Talents (il me semble) me rapporte mon pass qu'il vient de retrouver (c'est vraiment cool car à sa place, je ne sais pas si je l'aurais rapporté, je l'aurais sûrement filé à un pote ou vendu… Donc, un grand merci et bravo pour cet homme merveilleux qui m'a sauvé).
Les Massive Attack mettent un peu de temps à arriver, je ne suis pas fan de ce qu'ils font mais je ne suis pas stupide au point de rater le concert d'un groupe culte.
Mais le concert tarde à commencer et je dois faire un choix : voir un des groupes cultes de la scène Trip Hop (et je ne suis pas un fan absolu de trip hop), ou aller voir Jello Biafra, ex-leader des Dead Kennedys, groupe culte de la scène punk. Tant pis pour Massive Attack, il fallait commencer à l'heure ! Je m'en vais voir le papy du hard-core…
Des bruits de saturations et de larsens se font de plus en plus fort avant l'arrivée du parrain du punk HXC. On le voit sur le côté de la scène en train de sauter en l'air, comme s'il s'échauffait ou s'il trépignait d'impatience de venir hurler sur le public. Quand il arrive enfin, il est habillé d'une blouse de docteur couverte de sang. Malgré son âge et le fait qu'il a pris un peu de poids en trente ans (les Dead Kennedys ont été formés en 78, l'année de ma naissance), Jello saute de partout et gigote en scandant les paroles de ses chansons. Il a toujours ce regard et ces gesticulations de malade mental (regardez des vidéos de 1978 sur Youtube, il est toujours aussi fou !).
On n'est plus à Saint-Cloud, on est entre le Whisky a Go Go de Los Angeles et le CBGB de New-York dans les années 80. C'est un scandale qu'ils jouent sur la scène de l'industrie (la plus petite scène), alors que Blink 182 (du sous-punk commercial) a eu droit à la grande ! Sous sa blouse qu'il vient d'enlever, Jello porte une chemise faite dans un drapeau américain. Biafra fait toujours un mélange de propos engagés politiquement à gauche et de commentaires délibérément choquants et sarcastiques. Il est toujours l'activiste militant qu'il était avant. Entre les chansons, il nous parle politique. Il fait notamment référence aux expulsions de Roms, très mises en avant dans les médias cet été. Il nous lâche des petites punch-lines qui ravissent le public ("Sarkozy has created new enemies to save his ass… Fuck racism, fuck the FN and fuck Nicolas Sarkozy").
Il y a beaucoup de bruits de scratch de guitare à la Tom Morello qui ponctuent les différents titres. Quand la batterie et le riff de basse de "California Über Alles" ont retenti, je n'ai pas pu me retenir, j'ai rangé mon petit carnet dans mon sac et j'ai foncé dans le mosh-pit en hurlant le refrain avec le reste du public tout en pogotant comme si j'avais encore 17 ans ! La chanson, qui était à la base une charge contre Jerry Brown, le gouverneur de Californie à l'époque, a été un peu changée et adaptée à Arnold Schwarzenegger et Barack Obama. C'est le plus gros pogo du festival, à part peut-être pendant Queens of the Stone Age. Après un autre titre culte des Dead Kennedys, "Holiday in Cambodia", ils ont quitté la scène mais sont revenus pour un rappel (chose très rare en festival). Ce concert était une tuerie. Même si je suis un fan absolu de Josh Homme, je dois reconnaître que Jello Biafra and the Guantanamo School of Medecine ont donné le meilleur show de la journée !
Par acquis de conscience, je reste pour le set de 2 Many DJ's (surtout qu'une de mes ex-collègues me les vend comme le truc le plus cool que la Belgique ait produit depuis les frites à la graisse de bœuf). Un des deux DJ arrive sur scène avec une radio et fait mine de chercher une station correcte. Il est habillé en smoking vintage blanc et continue son zapping radio. Il bidouille et scratche entre les stations mais ne trouve rien qui lui plaît, jusqu'à l'arrivée de son collègue sur une structure ressemblant à une soucoupe volante. Les deux compères commencent à mixer sur la dernière station de radio (du classique) pendant que les techniciens finissent d'installer la structure OVNI avec les amplis des retours. C'est pas mauvais mais je ne suis pas un mec qui va en boîte de nuit. Voir deux mecs mixer, même très bien, c'est pas mon délire (et pourtant j'aime bien les mash-up). Je décide donc de rentrer chez moi, le dos en vrac, afin de me reposer pour le lendemain.
Dans le métro qui me ramène à la maison, je repense à ces deux premiers jours de festival et je ressens une grosse frustration. Les groupes en journée ne jouent qu'entre 30 et 40 minutes. C'est cool pour les petits groupes qui sont là aussi pour se faire connaître d'un plus grand public, mais c'est quand même trop peu. Des groupes comme Skunk Anansie ou Queens of the Stone Age jouent à peine une heure. C'est blasant, on n'a droit qu'à des demi-sets de groupes qui auraient dû être têtes d'affiche. Dans d'autres festivals européens, les groupes jouent plus longtemps, surtout quand on voit le prix des billets pour 3 jours. Il faudrait moins de groupes et des sets plus longs. Puis il faudrait aussi une meilleure organisation et gestion des 3 scènes. Si tu paies pour voir 40 groupes et que tu ne peux en voir que 20 car certains jouent en même temps, il y a un peu de la baise ! Rock en Seine devrait se méfier, les autres festivals sont mieux foutus et ont souvent les mêmes têtes d'affiche si ce n'est plus… Je sais que pour ma part, j'hésite vraiment pour l'année prochaine. Vu le prix des billets d'entrée, peut-être que je vais privilégier le festival Primavera à Barcelone.
Pour ce deuxième jour, le top 3 des meilleurs concerts aura été Viva and the Diva, Queens of the Stone Age et Jello Biafra and the Guantanamo School of Medecine. |