Réalisé
par Miguel Arteta. Etats-Unis. Comédie.
Durée : 1h31. (Sortie 1er septembre 2010). Avec Michael Cera, Portia Doubleday, Jean Smart, Zach Galifianakis, Steve Buscemi, Fred Willard et Ray Liotta.
La présence de l’acteur Michael Cera, vu précédemment dans "Supergrave" de Greg Mottola, laisserait à penser que "Youth in revolt", bizarrement "traduit" en français par "Be Bad !", appartient à un genre bien vivace aux États-Unis, celui de la comédie post-adolescente néo-graveleuse, ne respectant pas les limites de la bienséance et, mine de rien, seule capable d’une critique sociale ayant déserté tout le reste du champ cinématographique hollywoodien.
Si, à certains moments, il y a un vague cousinage avec ce cinéma, dont Jude Apatow est la figure emblématique, "Be Bad !" a l’originalité d’être vraiment original, amassant dans un récit incongru les acquis de la Nouvelle Vague et les bricolages de Michel Gondry, avec un soupçon de la vulgarité distanciée d’un John Waters.
Pas banale, en effet, une histoire dans laquelle l’héroïne est fanatiquement francophile, a des vynils de Serge Gainsbourg et des posters du jeune Belmondo. Étonnant une bande son où se succèdent les Cactus de Jacques Dutronc et des chansons de Brigitte Bardot.
Toujours sur le même registre, pour conquérir sa belle, Michael Cera, reprenant son rôle de gentillet à la voix de fausset, s’invente un double français qu’il appelle François Dillinger et qui le pousse à être méchant... Parcours initiatique tordu, road movie qui tourne court, "Be Bad !" accumule bien des audaces, allant jusqu’à recycler des scènes vues et revues dans les films de collège qui enchantèrent les connaisseurs dans la dernière décennie du siècle passé. Alors que l’on croit tenir un pur film d’auteur, "Be bad !" s’aventure sur les chemins de traverse d’un cinéma sous-filmé, parfois amateur et pas ennemi du mauvais goût.
Une bonne surprise qui vise sans doute une jeunesse qui fait des études et consomme moins de pop-corns que les autres quand elle va au cinéma. Quant au devenir du film, il dépendra certainement de l’avenir de Michael Cera qui a tout pour être une espèce de vedette pour minoritaires qui connaissent tous les films de Fellini et rien aux règles du base-ball. "Be Bad !" sera-t-il un film culte d’un acteur culte ou bien un film parmi ces centaines qui avaient quelque chose en eux et que l’on reverra dans dix ans sans savoir précisément à quoi rimait sa petite musique plaisante d’un soir ?
En tout cas, pour celui qui se sent habité par le cinéma, il confirmera que chaque film vu est une énigme de plus...
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