Comédie dramatique écrite et mise en scène par Victor Haïm, avec Valérie Zarrouk et Katherine Mary.
Sur la scène déserte, rideau de fond et pendrillons ouverts laissent apparaître des éléments de décors entassés dans les coulisses.
Pas de doute : on est passé de l'autre côté. Et le Théâtre du Ranelagh s'avérera être l'écrin idéal pour ce jeu de massacre sur fond de théâtre à succès.
Pour la première lecture d'une pièce qu'elles doivent créer ensemble, l'auteure célèbre a convoqué l'actrice à la mode et très vite on comprend que leur entente cache quantité de rancœur et de jalousies.
Avec beaucoup de vérités et un humour ravageur, Victor Haïm a écrit un texte brillant sur le théâtre et ceux qui le font. Les deux personnages sont tour à tour l'Auguste et le clown blanc de cette farce caustique mais pleine d'amour pour la scène. Tout les oppose : l'âge, la carrière (l'une est une intellectuelle engagée, l'autre une héroïne de série télévisée), le caractère (c'est la "mentale" face à "l'instinctive"). La confrontation va vite tourner au règlement de comptes. D'abord en apartés et à fleurets mouchetés 'elles doivent avancer dans le travail), le fossé qui les sépare va s'agrandir pour finir en jubilatoire concours de vacheries aux répliques acérées.
Le texte de Victor Haïm qui monte crescendo est un régal pour des comédiennes et toutes deux s'en délectent. Valérie Zarrouk est expressive avec une grande variété de jeu, son plaisir est communicatif. Quant à Katherine Mary, elle offre un personnage plus intérieur avec une grande finesse. On imagine que le fait que le metteur en scène de ce duel psychologique soit l'auteur a dû contribuer encore à la justesse de cette version de la pièce caricaturant les excès et les passions du théâtre "vu de l'intérieur".
Seul le dénouement, qui force un peu le côté clownesque et perd du même coup en intensité, est à regretter mais "Jeux de scène" est un très bon moment et il n'est pas étonnant que Victor Haïm ait reçu en 2002 le Molière du meilleur auteur pour ce texte remarquable. |