Comédie dramatique de Lanie Robertson, mise en scène de Georges Werler, azvec Vincent Grass, Emeric Marchand, Florence Muller, Frédéric Pellegeay et Benjamin Penamaria.
Une station-service un peu à l’abandon où les clients ne passent plus guère. Un couple étonnant : une femme exubérante et sensuelle,
un homme brutal et inquiétant derrière son apparence débonnaire. Au milieu, Clancy, un jeune soldat qui revient de la guerre,
apparemment marqué par l’expérience du front.
Dans le plus pur style d’un film américain, dialogues courts et tranchants, "Dernière station avant le désert" démarre comme un
polar de série B hollywoodienne : la femme et l’ex-soldat-employé ont décidé de tuer le patron. Mais la pièce nous réserve quelques beaux coups de théâtre…
La scénographie particulièrement réussie (signé Pace) proche d’un décor de cinéma nous immerge dans cette ambiance poisseuse du
Texas, au cœur de ce triangle explosif. Le texte de Lanie Robertson nous embarque habilement dans un suspense à l’intrigue fort bien
ficelée et au scénario machiavélique où chacun réserve son lot de surprises. Machinations, faux-semblants, retournement de situation
: on est entraîné dans un drame charbonneux à l’issue jamais certaine.
La mise en scène de Georges Werler donne corps aux personnages, excellemment dirigés. Il faut dire qu’il est aidé en cela par une
distribution de très grande qualité où tous réalisent un sans-faute et rendent crédible cette histoire.
La réussite de ce spectacle pourrait s’arrêter là. Mais derrière le divertissement, il y a une critique acerbe de la guerre et de
l’armée, opérant chez les jeunes recrues un véritable lavage de cerveau pour "raison d’état". On est proche de la trilogie Jason
Bourne de Robert Ludlum, l’atmosphère étouffante et moite en plus. Et la fin, renvoyant à tous les derniers conflits internationaux,
fait froid dans le dos.
Une indéniable réussite.
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