L'intelligence peut aussi être une plaie. Une plaie qui obsède notre civilisation, la démange, l'irrite. Une plaie qui, chez moi le premier, ne se referme jamais véritablement. Dans laquelle d'autres jettent le gros sel de leurs propres intelligences.
Heureusement, il est de bien savoureux moments d'oublis – de soi, du monde, de la logique même. C'est l'un de ces moments, je crois, qu'a pu vivre Jonathan Richman dansant dans un bar lesbien. C'est l'un de ces moments que propose le futile et dansant No Requests d'Ocelot. Dance music au sens le plus hype et clubbesque du terme. Vide, répétitive, artificiellissime, vaine, endiablée, synthétique au possible, faussement guillerette. Absurde, en un mot.
Mon intellect en aurait honte, pourtant j'ai aimé écouté No Requests d'Ocelot. Il est certain que cela ne se reproduira pas tous les jours alors autant essayer de comprendre les circonstances. Un matin ensoleillé, ce qui n'arrive pas tous les jours par ici. Une tasse de thé à la main. Fraîchement sorti du lit après une nuit réparatrice après une semaine effrénée. Un certain sentiment du devoir accompli. À moitié nu dans mon salon. Le volume un peu fort. Et je me suis dandiné. Grotesquement, devant mon miroir, à me moquer de moi-même, un peu, qui me regardait me dandiner à moitié nu dans mon miroir dans mon salon de bon matin. Les délices du ridicule. Puis je suis allé prendre ma douche, le volume poussé encore un peu plus fort. Comme dans un pub pour un quelconque gel douche moderne aux effets multiples techno-providentiels ("à l'oxygène ventilé de Madagascar, pour un effet grasse-matinée instantané"). Puis j'ai coupé la musique pour entamer ma journée.
Prendre du plaisir à écouter un disque de musique de danse pour boîtes de nuit pour jeunes actifs. Aucun argument n'aurait jamais pu me convaincre que cela m'arriverait. Et pourtant. Bon, soyons honnêtes : peut-être pas le disque entier, tout de même. Disons un bon tiers. Mais tout de même.