Les Hommes debout de Sabine Carion est un recueil de cinq portraits étayés d'interviews (et complété par un CD audio) d'hommes et de femmes ayant en commun d'avoir lutté pour respecter leurs convictions.
Pour retrouver sa foi dans l'engagement et la volonté humaine, l'auteur a réalisé cette série de récits biographiques. Vaste et noble ambition donc qui se contient dans les 300 pages de cet ouvrage !
Afin de réussir ce pari, Sabine Carion s'est entretenue avec deux responsables militaires – Hélie de Saint-Marc et N'Guyen Ky Suong – un producteur de films cinématographiques – Jan Mojto – une académicienne spécialiste de la Grèce classique – Jacqueline de Romilly – et un ancien ministre polonais – Wladyslaw Bartoszewski. La guerre, l'art, la politique : les valeurs de la culture grecque, berceau de nos démocraties...
Exceptée Jacqueline de Romilly (qui n'y a pas été confrontée directement), tous témoignent de leurs actes de résistance face à des décisions politiques qu'ils percevaient comme opposées au respect de la dignité humaine. Tous racontent avec quelle force morale ils ont choisi de désobéir, de s'exiler ou de combattre afin de ne pas trahir leurs idées.
Avant chacune de leur interview, Sabine Cariou résume leur parcours, chante leurs louanges. Un parti pris assumé... Elle affiche clairement son manque d'objectivité et de neutralité. Ces personnes, elle les admire et elle compte bien nous faire adhérer à son enthousiasme ! Au lecteur de choisir s'il se laisse submerger par cette dévotion ou s'il préfère prendre du recul et analyser les propos rapportés. Car on peut tout de même s'interroger sur les choix de ces personnalités : trois sur cinq ont combattu contre un régime communiste, un a participé au putsch de 1951 contre De Gaulle refusant donc l'indépendance de l'Algérie...
En 2010, alors qu'un siècle violent et injuste vient de se terminer, les participants à l'élaboration de cet ouvrage auraient pu avoir un parcours plus varié. Pourquoi pas un militant de l'ANC ? Une avocate iranienne luttant pour l'égalité des femmes ? Un ancien résistant communiste miraculé des camps de concentration ? Pourquoi plus de 100 pages – soit un tiers du livre – consacrées aux idées de Wladyslaw Bartoszewski ?
Curieuse sélection donc qui, se découvrant au fil des pages, peut mettre mal à l'aise le lecteur, sauf s'il est avant tout réceptif et conquis par l'enthousiasme – sûrement sincère – de l'auteur. |