C’est souvent un problème avec les livres au titre trop prometteur : on en attend beaucoup, on laisse notre imagination s’éparpiller, on anticipe même sur le futur plaisir qu’ils vont nous procurer, et bien sûr, lorsqu’on les referme sur le mot fin, on est forcément déçu.
C’est ce qui arrive lorsque votre regard croise Les Mystères de Saint-Pétersbourg d’Isabelle de Tredern. Le mot "mystères" se met à clignoter comme un néon épileptique, le bleu azuréen de la couverture devient votre couleur préférée et comme la quatrième de couverture vous présente l’opuscule comme un guide d’évasion qui va vous faire "entrer dans les entrailles de cette belle cité", vous vous lancez frénétiquement dans sa lecture…
Puis la frénésie laisse la place progressivement à de l’incompréhension. Où sont les mystères ? Où est l’évasion ? Vous n’avez entre les mains qu’une rapide histoire des 17ème et 18ème siècles de la Russie, un digest des biographies des tzars et tzarines, une histoire vulgarisée et sans profondeur de Pierre le Grand et de ses successeuses. Le côté recueil d'impressions et d'anecdotes, de ragots et de lieux communs est de plus accentué par les très, très courts chapitres – de 2 à 10 pages maximum.
Ce livre prometteur se révèle donc être une sorte de première approche de l’histoire de la Russie, certes agrémentée de jolies illustrations – photos et tableaux de l’auteure –, mais sans profondeur d’analyse, sans la magie et la fougue que l’on attend de l’esprit slave.
La conclusion qui s’impose alors est que la parfaite maîtrise du packaging – titre et couverture – peut transformer un opuscule sans grand intérêt en livre en évidence sur les têtes de gondoles... Et que ce livre n’a finalement de mystérieux que le titre.
Et pourtant, il y a matière à intérêt ! L’argument de départ, à savoir l’auteure, descendante d’un capitaine de vaisseau – Jean-Louis de Tredern de Lezerec – qui a combattu aux côtés de Lafayette et séjourné à Saint-Pétersbourg sous le règne de Catherine II, qui part à la découverte de cette ville sur les pas de son ancêtre, était indéniablement plein de promesses. Mais hélas, à part quelques remarques sur ses trajets et ses voisins de transports, l’auteure et son aïeul sont bien absents.
Cela confirme que le prestige des parents ne confère pas automatiquement un quelconque talent et que le nom ne fait pas tout. |