Pour la rentrée muséale 2010-2011, la Réunion des Musées Nationaux et l'Art Institute de Chicago proposent une immersion totale dans le début du 16ème siècle avec l'exposition "France 1500 - Entre moyen Age et Renaissance" organisée en collaboration avec le Musée du Louvre, le Musée National du Moyen Age, le Musée National de la Renaissance et la Bibliothèque Nationale de France.
L'énumération des intervenants suffit à donner la mesure de son ampleur, puisqu'elle est pluridisciplinaire, plus de 200 oeuvres magistrales peintures, sculptures, vitraux, tapisseries, émaux peints, orfèvrerie et miniatures, en provenance de France et de l'étranger pour illustrer un propos ambitieux et novateur.
En effet, les co-commissaires
Elisabeth Taburet-Delahaye, directeur du Musée de Cluny,
Geneviève Bresc-Bautier, directeur du département des Sculptures du musée du Louvre,
Thierry Crépin-Leblond, directeur du Musée National de la Renaissance et
Martha Wolff, conservateur à l'Art Institute de Chicago, ont souhaité, à la lumière des travaux récents, s'écarter du vocabulaire nationaliste hérité de l'historiographie du 19ème siècle, en ne se posant plus la question d'un art français, pour adopter une perspective plus globale basée sur l'analyse de la réalité factuelle, la circulation des artistes et le travail en atelier, qui explique la novation en douceur constatée.
L'élégante scénographie de Hubert Le Gall met particulièrement en valeur les oeuvres présentées sur deux niveaux dans cette exposition qui ne se contente donc pas d'être une invitation à feuilleter l'album illustré de l'histoire de l'art.
En effet, elle dresse un panorama artistique exhaustif de la France en 1500 en le repositionnant à la croisée des influences italiennes et flamandes.
France 15000 : un art nomade et syncrétique
A l'appui de son propos, l'exposition ne se déroule pas de manière linéaire mais s'articule autour de trois axes, avec comme pivot l'artiste, qui permettent de prendre la mesure de l'existence de nombreux foyers artistique, la France artistique n'étant pas une et indivisible, la circulation de artistes et donc des modèles et le développement inédit des processus de création qui concourent à la symbiose fructueuse entre deux modernités, celle du Nord et celle du Sud, le gothique et l'italianisme.
Paris est certes la capitale des arts mais chaque région abrite des foyers artistiques très actifs comme le Bourbonnais riche en peintures, la Champagne avec la statuaire, la Normandie avec le vitrail.
Au fil de l'exposition, le visiteur peut apprécier tant les diversités régionales que l'osmose des styles et sensibilités différentes.
Parmi les points d'orgue de l'exposition , la présentation et la réunion d'oeuvres exceptionnelles comme les quatre panneaux des "Episodes de la vie d'un Saint Eveque" du Maître de Saint Gilles détenus hors de France, le triptyque de Jean Poyer relatant la vie de Marie Madeleine et de pièces d'orfèvrerie particulièrement rares tel le reliquaire du coeur de Anne de Bretagne et le reliquaire de Sainte Ursule en forme de nef.
L'exposition fait une belle place à la statuaire avec les vierges du Bourbonnais et les Vierges de pitié champenoise et languedocienne.
Si l'art du vitrail, toujours en vogue en Normandie et en Champagne, et de la tapisserie, avec la nouveauté du motif "millefleurs" perdurent, le début du 16ème siècle connaît également des innovations techniques qui ne sont pas sans incidence sur l'art.
Ainsi l'imprimerie qui permet la diffusion de livres imprimés et illustrés et l'émail peint qui introduisant la couleur relance l'activité des ateliers de Limoges.
Au deuxième niveau, l'exposition s'attache à explorer l'iconographie de l'époque tant religieuse que profane qui se décline dans le décor architectural, le mobilier et le livre.
L'exposition qui débute avec les artistes du Nord, et une oeuvre de Nicolas Froment ("La légende de Saint Mitre"), se clôt avec les artistes italiens au service des princes (avec "La belle ferronnière" de Léonard de Vinci et "Sainte Véronique" de Lorenzo Costa, le "supplétif" de Mantegna qui encadrent une "Vierge à l'enfant" d'Antonio della Porta).
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