Comédie écrite et mise en scène par Christophe
Rouzaud avec Charles Ardillon, Nathalie Krebs, Xavier Letourneur,
Karina Marimon et Christophe Rouzaud.
Il en est des amitiés de vacances comme des amours de plage
: elles ne survivent pas à l’été ! Après
le "Sea, sex and sun" où tout le monde il est beau
et gentil, voici venu le temps de la soirée photos-diapos.
C'est dans cette circonstance que Steph et Nina invitent, non sans
intérêt sous jacent au demeurant, deux couples pour
un dîner revival qui va tourner au pugilat. L'affiche l'annonce
: à défaut de couilles dans le potage comme l'écrivait
Michel Audiard à moins que ce ne soit Frédéric
Dard, il y a déjà un pétard dans le bouquet
!
Paul, agent immobilier, qui leur a procuré leur petit 3
pièces de banlieue, et son épouse Tiffany, élégante
aux mines BCBG, n’en finissent pas de se rengorger de leurs
signes extérieurs de réussite. La suite de la soirée
se serait sans doute déroulée à fleurets mouchetés
si Jean Marc, sympathique looser version joyeux luron désespéré
têtant la dive bouteille, ne venait seul. Doublement licencié
par son employeur et par Carole, son executive-woman d'épouse
dont Nina attendait un coup de pouce professionnel, il fait naturellement
appel à ses nouveaux amis.
Mais la mouise n'est pas fédératrice et tout ce
merveilleux petit monde de convivialité et de sympathie va
se déliter au fil du menu. Empêtrés dans leurs
certitudes et leurs convictions, ils rentreront chez eux persuadés
de leur supériorité, seule la connerie étant
universelle.
Christophe Rouzaud a pris, avec bonheur et réussite, la
plume pour nous proposer une satire des mœurs contemporaines
des adeptes des clubs de vacances espèce quadras beauf variété
middle class de banlieue. La situation est juste, les caractères,
des portraits saisis sur le vif sans forcer le trait, évitent
l’écueil de la caricature, les tirades cocasses et
les vérités fielleuses fusent et font mouche même
si certaines, d'une ironie caustique laissent sans voix le public.
La pièce nous distille, sans ennui grâce à
une écriture carrée, la chair sur l’os pas un
poil de remplissage ou de bon mot facile, et un enchainement dynamique
des différents tableaux, l’auteur assurant également
la mise en scène, tous les poncifs dans lesquels chacun peut
se reconnaître, le rire étant parfois bien jaune.
Une distribution judicieuse, talentueuse et homogène incarne
cette belle brochette : pour les hôtes Karina Marimon (une
Nina ibérique spontanée, pulpeuse et savoureuse) et
Christophe Rouzaud (le mari bas du front), le couple invité
Nathalie Krebs (une Tiffany-Barbie pétillante et acidulée)
et Xavier Letourneur (le commercial dans toute sa splendeur) et
le tout seul, Charles Ardillon pour un rôle qui lui permet
d'aborder tous les registres, du rire à l'émotion.
Un beau succès à ne pas rater !
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