Opéra-comique de Eugène Labiche, mise en scène de Nathalie Hamel, avec Armony Bellanger (ou Alexandra Berlé), Alice Boubour, Franck Delage, Loïc Gautelier (ou Jean-Luc Bouzid), Mathieu Gorges (ou Laurent Brusset), Jean-Dominique Peltier, Hélène Robin (ou Jelica Bukvić, Slobodan Slavković (ou Jacques Juge) et Eric Veiga.
Comme il collait à l'actualité de l'essor ferroviaire et du développement des villégiatures avec "Le voyage de monsieur Perrichon", Eugène Labiche use de la vogue pour les chinoiseries pour en glisser de manière plus ou moins appuyée dans ses pièces, écrivant même une revue intitulée "En avant les Chinois !" se déroulant dans une Chine de fantaisie.
Dans "Le voyage en Chine", le rôle de la Chine n'est que mineur et si le spectateur est invité à un vrai voyage, dans fauteuil, au pays heureux du vaudeville, le voyage des principaux protagonistes est limité à une promenade en bateau autour de la presqu'île du Cotentin.
En effet, ce faux voyage en Chine constitue l'ultime stratagème utilisé par un officier de marine pour obtenir le consentement de son beau-père suite à un mariage secret que ce dernier refuse de reconnaître. Le papa est un breton bougon, têtu et entêté qui met un point d'honneur à ne jamais revenir sur ses décisions. Mais on ex-gendre est également breton et obstiné à lutter pour son bonheur, d'où de beaux bras de fer en perspective.
Nathalie Hamel a resserré la partition de cet opéra-comique en trois actes pour se concentrer sur sa partie théâtrale tout en conservant de bienvenus intermèdes chantés. Monté en costumes avec les codes du registre original, le spectacle constitue un très agréable divertissement dispensé par une troupe homogène qui ne boude pas son plaisir sans verser dans la caricature.
Autour du duo de comédiens-chanteurs Franck Delage et Alice Boubour qui incarne le couple injustement séparé et qui assure les principaux couplets musicaux avec brio, gravitent une soeur délicieuse (Alexandra Berlé), son fringant fiancé agréé par le papa (Mathieu Gorges), la maman jeune, jolie et de bonne composition (Jelica Bukvić), un ridicule prétendant bègue (Jean-Luc Bouzid) et un domestique primesautier (Eric Veiga).
Quant à Jean-Dominique Peltier, excellent, il campe avec beaucoup de pétulance et une belle faconde le père réfractaire, un père picaresque monte en mayonnaise plus vite que son ombre et constitue le pivot comique de cette aimable fantaisie. |