On se souvient non sans un certain amusement de cette jeune chanteuse française prétendant, lors d'une interview donnée à Froggy's Delight que le rock français n'existait pas. Tout simplement, prétendait-elle, parce que le rock ça ne doit pas être chanté en français.
Qu'est-ce qui est rock et qui ne l'est pas alors ? Faut-il parodier et donner dans la caricature pour être rock ? Faut-il faire son bonhomme de chemin sans se préoccuper de la case dans laquelle vous serez rangé dans les rayons des disquaires ? L'éternelle bataille de l'authentique et de l'autre, en toc.
Nul doute en ce qui concerne Poney Express pour qui, dès leur premier album, se revendiquer d'un courant ou d'un autre n'est pas la préoccupation première.
Sur le premier et précédent album du groupe, la voix d'Ana Berthe était soutenue par celle de Robin Feix sur des morceaux entre folk et chansons françaises.
Aujourd'hui, avec Palladium seule Ana Berthe assure le chant tandis que les chansons prennent une voie plus rock, voire carrément cold wave.
Michael Garçon venu renforcer le duo derrière les claviers apporte également une nouvelle force aux compositions et, indéniablement, la patte AS Dragon dans lequel il officiait précédemment. La voix d'Ana Berthe qui paraît toujours un peu fragile et sur le fil n'est pas non plus toujours très éloignée de celle de Natacha Lejeune sans pourtant chercher à l'imiter mais simplement en chantant, semble-t-il, le plus naturellement possible.
Et si le rock d'AS Dragon est un point de repère pour qualifier Palladium, les Poney Express n'en abusent pas et vont vers d'autres directions, clairement anglo-saxonne, comme sur "Brest", sorte de relecture du "Atmosphère" de Joy Division aux ambiances très cold wave et pièce maîtresse de Palladium. En fait, une grande partie des titres proposent clairement une ambiance chez Joy Division, Lush ou plus récemment Electrelane comme sur "Palladium" même si le chant en français est au départ assez déroutant. Textes d'ailleurs simples et plutôt classes qui ne s'embarassent pas forcément de trop jolis mots mais qui coulent naturellement au travers du fin tamis de la musique.
Quand le chant se fait plus pop "Dans l'arène", on se retrouve avec un étonnant morceau à la fois léger par le chant très chanson française et une musique plus froide et sombre apportant beaucoup de densité au morceau.
Poney Express se fait visiblement plaisir avec cet album donc, revisitant avec grâce et discrétion leurs références et nous entraînent avec eux, parce que leurs chansons nous parlent aussi, forcément.
French rock not dead.
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