Texte de Alfred de Musset dit par Nicolas Lormeau.
Fidèle à sa réputation d’atelier, le Studio-Théâtre, adolescent choyé par sa grand’mère, continue de programmer des spectacles étonnants, ombre portée de la Comédie-Française toute proche.
"La Confession d’un enfant du siècle", sorte de testament romantique d’Alfred de Musset, est vécue, sur scène, par Nicolas Lormeau. Ce récit fort et terrible de la passion d’un jeune homme - prévenu contre les femmes - pour une âme d’élite qui le fascine et le décevra aussi viscéralement, constitue un des plus beaux textes de la littérature française, prose de poète qui ne cesse de l’être, d’amoureux qui rompt pour un mot, une faille de l’âme qui lui ôte son gaze et révèle ses flétrissures.
On a beaucoup glosé sur l’épisode Sand et le "plaquage" de celle-ci par le poète avisé. Il y a, d’abord, dans la Confession, autant une œuvre pleinement romantique qu’une étude d’un type nouveau d’absolutisme amoureux, ennemi des tiédeurs et concessions.
Nicolas Lormeau, comédien habité et visité, s’empare du personnage, lui, l’homme dans la force de l’âge, retrouvant la violence d’un jeune passionné épris d’idéal et de grandeur d’âme.
Pour tout bruitage, un vent de tempête, qui fait vibrer le bois du théâtre, tel un navire dans la paume d’une mer enfiévrée : remarquable effet, coupé parfois par la musique étrange de Bertrand Maillot. Sur les rochers du rivage, le public contemple cet homme déchaîné, qui invoque, invective, déchire, regrette et pleure. Puis l’écrit.
Lormeau a porté ce projet près d’une décennie, dit-on. Loin de tout formalisme, loin de tout faux détachement, il incarne si visiblement ce héros romantique qu’on ne sait comment il peut, après, se reprendre. Joue-t-il la comédie ? C’est son art. Et le risque qu’il prend, pour nous émouvoir ainsi. |