Comédie de Bertold Brech d'après Molière, mise en scène de Jean-Michel Vier, avec Valérie Alane, Pasacale Cousteix, Sylvain Katan, Guy Segalen, Pierre Val et Cédric Villenave.
La Compagnie Liba Théâtre présente, sur la scène du Théâtre du Lucernaire, le "Don Juan" de Bertold Brecht. Cette adaptation, basée sur le classique de Molière s'en éloigne pourtant, en s'attachant à désacraliser le personnage romantique du héros en quête d'absolu imaginé par le célèbre auteur français, pour en faire un personnage grotesque, libre jouisseur plus que libre penseur.
Puisant son inspiration scénique dans les comédies italiennes, l'esprit du clown et Chaplin, le metteur en scène Jean-Michel Vier et le scénographe Christophe Guillermet ont tracé au centre de la scène une piste de cirque brillante, véritable miroir aux alouettes autours duquel tournent, tournent tous les personnages.
Domination/soumission, fascination/répulsion, Jean-Michel Vier dissèque sans tendresse ni compassion les relations ambigües qui existent entre Don Juan et ses victimes, mi-vautours, mi-agneaux qui vivent autours et à travers lui et ne cessent, même après sa mort de le réclamer.
Les comédiens, Valérie Alana, Pascale Cousteix, Sylvain Katan, Guy Segalen, Pierre Val et Cédric Villenave, ne quittent jamais la scène, effectuant tous les changements à vue, créant autour du héros, qui passe de maitre à valet pour finir en Auguste ridicule, un étau qui se referme peu à peu. Don Juan quitte ainsi souvent la scène-miroir pour observer, mi-curieux, mi-amusé le bal des hurluberlus qui forment sa cours des miracles.
Sans aucun temps mort, l'exagération et la démesure grotesque du jeu et des costumes d'Elisabeth Martin soulignent un parti pris original et qui peut dérouter.
Jean-Michel Vier nous invite ainsi à nous questionner sur nos sociétés, capables d'enfanter, de nourrir, et de placer en leur sommet des parasites dont on croit dépendre mais qui ne sont là qu'à cause de notre propre aveuglement. |