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La Maroquinerie  (Paris)  dimanche 24 octobre 2010

Séduit instantanément à l'aube des années 2000 par la finesse et l'originalité des pépites entendues sur Natural History (2001) et I Am Kloot (2003), on avait depuis remisé I Am Kloot aux oubliettes (et on en a un peu honte). La faute - entre autre - à des disques pas mauvais mais tout de même moins bons (Gods And Monsters, 2005 ou Play Moolah Rouge, 2007). Sky At Night, excellent dernier album en date, vient nous rappeler combien le trio mancunien est un groupe essentiel. La confirmation de l'embellie est attendue ce soir à la Maroquinerie.

En première partie Katel, joli bout de brune vêtue d'une jupe de cuir noir pour l'occasion, chante crânement ses chansons, seule avec sa 6 cordes sur scène. Le jeu de guitare nerveux apporte un supplément de force à des compositions oscillant entre folk, esprit rock et chanson française. On est curieux de voir ce que cela donnerait avec une section rythmique, mais les chansons, bien que trop bavardes, font mieux que tenir la route. C'est dans les moments les plus pop que l'on accroche vraiment. En gommant quelques défauts (des accords déjà vus par-ci, une ballade mélancolique un peu plate par-là, ou encore des textes qui semblent parfois passer avant la musique), Katel pourrait nous réconcilier avec une certaine idée de la chanson française.

Le cocktail s'avère plus séduisant et énergique que la grande majorité des chanteurs hexagonaux interchangeables que les maisons de disque essaient de nous refourguer à longueur d'année. Katel donne à entendre de belles envolées qui malheureusement tombent parfois dans le travers de l'emphase ainsi qu'une voix habitée mais qui manque encore de caractère. On l'aura compris, il y a à chaque fois un "mais" qui fait que malgré un a-priori positif, on reste sur notre faim. "Je m'appelle Katel au fait, et vous ?" : la sortie est parfaitement réussie.

Une musique de film retentit, et les six I Am Kloot arrivent, tous armés d'une bière à la main. En sus du trio originel (bassiste / batteur /chanteur-guitariste), on recense un deuxième guitariste tapis dans l'ombre, un clavier sur la droite de la scène, et un joueur de flûte traversière et saxo qui ferait bien de ne pas trop reculer s'il veut que le public l'aperçoive.

C'est tout naturellement les morceaux de Sky At Night qui ouvrent le bal : dès "Northern Skies", composition soyeuse et premier titre de l'album, la voix au grain si particulier de John Bramwell fait chaud au coeur : on a l'impression de retrouver un vieil ami perdu de vue. Sur "Lately", que le chanteur décrit comme une "chanson sur l'instabilité mentale", I Am Kloot s'écarte des sentiers folk pour s'aventurer sur les terrains soul. John Bramwell se la joue crooner, épaulé par son groupe qui soigne ses contre-chants, breaks, solos de guitare et lignes de saxo. Sur le thème "l'alcool... et ses désastres", la déchirante "To The Brink" (valse mélancolique à 3 temps) fait son effet. Le clavier a laissé sa place à l'accordéon, le batteur caresse ses caisses claires et ses cymbales avec son balai : c'est beau à pleurer.

Coincée entre un "The Stars Look Familiar" fort sympathique et "It's Just The Night", douce et romantique ballade qui donne envie d'être amoureux, "Hey Little Bird", un peu répétitive, avoue quelques faiblesses malgré une rythmique originale tout en contre-pieds (qu'on retrouve d'ailleurs sur plusieurs morceaux). Ce sera le cas de tous les titres de Play Moolah Rouge interprétés ce soir. Il leur manque ce petit quelque chose qui fait la différence : "Someone Like You" (plus entraînante que "It's Just The Night", jouée juste avant, mais aussi moins réussie), "At The Sea" et "One Man Brawl", où John Bramwel empoigne la guitare électrique : ça groove autant que ça envoie, mais on préfère quand les anglais font preuve de douceur.

A contrario, l'enchaînement de la superbe "From Your Favourite Sky" (cris de joie dès les premiers arpèges), de l'espiègle "Storm Warning" (ancien morceau présent sur le premier EP du groupe et sur leur album originel, Natural History), de "Over My Shoulder" (excellent titre de Gods & Monsters), puis de "86 TV's" (le batteur y fait étalage de sa dextérité, baguettes feutrées en main) est parfait.

Au gré des sorties et retours des musiciens sur scène et selon les besoins des morceaux, le groupe joue au complet, en trio basse/batterie/guitare, le chanteur seul à la guitare, accompagné d'un clavier... La formation à géométrie variable interprète ensuite "Bigger Wheels", titre country-folk sympa mais pas renversant. On admire tout de même les baguettes phosphorescentes du batteur.

"I Still Do" : magnifique. Le temps s'est arrêté (bien que le "do" ait parfois du mal à sortir). L'enchevêtrement d'arpèges des deux guitares et du clavier est absolument superbe. On a subitement envie de redevenir gosse. John Bramwell, resté seul, n'est pas trop encombré pour jouer "Astray" et son joli refrain. Retour du groupe au complet pour "Fingerprints", titre à l'atmosphère feutrée. Applaudissements appuyés et mérités. "The Moon Is A Blind Eye", charmante mélopée, vient compléter ce beau tableau.

Le thème du ciel est omniprésent dans les textes, qui y font référence une chanson sur deux. Le chanteur d'en amuse, déclarant n'avoir aucune explication censée à fournir. Beau-parleur (entre deux morceaux, il fait valoir son croustillant humour pince sans-rire, so british), frontman épatant de maîtrise, ne s'offrant aucun répit, on est totalement sous le charme de sa voix éraillé. John Bramwell pourrait réciter le botin qu'on l'écouterait religieusement.

Sur "Same Water Deep As Me", on s'ennuie un peu malgré - une fois de plus - le beau trio d'arpèges. Le problème est différent sur "Because", joli titre qui souffre d'une redondance aiguë (2 accords, une mélodie). Si l'on était méchant on dirait que ça ressemble à une ballade des Stereophonics : c'est beau, mais quand est-ce qu'ils changent d'accord ? Bon moment tout de même (confirmé par le crescendo final), mais les mancuniens sont capables de mieux. Aux 2/3 du concert, nos protégés sont-ils victimes d'un petit coup de mou ?

Que nenni : ils repartent de plus belle, forts d'une bon stock de cartouches sous le coude. A commencer par "Radiation", étonnant morceau de Sky At Night, très cinématographique. Attaquée au clavier, toute douce, elle prend de l'ampleur progressivement dans une partie instrumentale où le saxophone joue un rôle non négligeable. Break, puis la batterie lance la machine et la chanson part complètement autre part. Tout ça ressemble fort à un titre d'au revoir. Erreur : les anglais en ont encore sous le pied.

Ils ne pouvaient raisonnablement pas quitter la scène sans jouer "Proof". Sur les premières notes, notre coeur fait un bond. On note avec satisfaction que l'on n'est pas le seul à avoir le sourire jusqu'aux oreilles. Un plantage gros comme le nez au milieu de la figure nous ramène les pieds sur terre. "Fuck off !", fustige le chanteur fautif, qui repart comme si de rien n'était. Le public est à bloc, on peut lire les paroles sur la plupart des lèvres. Une spectatrice trop enthousiaste se fait même surprendre sur un "without you" délibérément retardé par le chanteur. Malgré le léger couac au lancement du morceau, c'est absolument admirable.

John Bramwell ré-accorde sa guitare en 10 secondes chrono et enchaîne avec "Twist", titre goguenard aux vapeurs alcoolisées, poisseux juste comme il faut ("There's blood on your legs, I love you", annonce le refrain). Après une rapide sortie, le chanteur revient avec un verre de vin blanc à la main, suivi par ses ouailles. Un seul titre pour le rappel (le 24ème de la soirée !) : un slow langoureux et jazzy qui conclut parfaitement une soirée réjouissante en tous points. Malgré quelques baisses de tension, I Am Kloot ne tient pas le haut du pavé folk depuis 10 ans pour rien. On les tenait déjà en haute estime, ce concert ne va rien arranger.

 

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"Liminal status" de Watertank
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